La Brèche

Avec ce projet, vous comptez développer l’esprit critique des adolescents. Pourquoi est-il indispensable de les éveiller en ce sens ?
Maxime Mestre : Tout est parti d’un constat, celui d’un véritable manquement de l’Éducation nationale en terme d’éducation à la sexualité. C’était déjà vrai à mon époque et c’est toujours le cas. Par ailleurs, l’Éducation nationale se fixe pour objectif de développer l’esprit critique des jeunes. Ce sera donc par ce biais que nous pallierons ce manquement. L’idée vient de Charlotte et je l’ai ensuite développée en proposant huit chapitres pour les huit lettres du mot « critique » : Consentement, Réseaux sociaux, Intimité, Tutorat, Insultes, Sexualité pour la lettre Q, Uniformisation, et Émancipation. Nous avons vérifié en résidence que l’acrostiche correspond bien aux préoccupations des élèves. Le spectacle sera présenté dans des salles de classe et un temps d’échanges suivra la représentation.

Pour vous assurer que votre message réponde bien aux préoccupations des collégiens et des lycéens, vous vous êtes entours de vos propres enfants.
MM : Nous avons demandé à Tom – 9 ans – l’un des fils de Charlotte, et au mien Éliot – 15 ans – de faire partie du projet. Ils seront présents à Cherbourg, lors de notre résidence en milieu scolaire, au collège Le Ferronay puis à La Brèche. Nous utiliserons le cirque, l’image, l’humour et la musique comme médiums pour soutenir notre propos. Pour ce qui est du cirque, il y aura des portés et du vélo acrobatiques, un peu de jonglerie et des projections vidéo de figures à l’escarpolette ou à la bascule. Nous jouerons de divers instruments de musique sur des chansons et partitions écrites par Marjolaine Karlin et moi-même. L’humour surgira notamment via « l’imperméable anatomique exhibitionniste » (entre la marionnette et la planche anatomique), qui permettra d’expliquer les changements dus à la puberté, la question du genre, …

Dis Papa, dis Maman comporte un volet important : l’édition d’une bande dessinée distribuée aux scolaires.
MM : C’est un fascicule avec une double page par chapitre. Il récapitulera les thèmes évoqués et notre façon de les aborder. Chacun repartira avec un exemplaire afin de pouvoir revenir à tout moment sur le sujet. L’objectif est de favoriser l’esprit critique des jeunes, qu’ils soient en 4^e ou en 2^nde. C’est Muriel Douru, une bédéiste militante et engagée, qui signera cette bande dessinée. À chaque sujet correspondra un encart avec les sites et ouvrages pris comme référence, pour pouvoir s’informer et approfondir sa recherche. Notre projet est autant didactique qu’artistique ; et l’édition papier est elle aussi un médium artistique. Nous pensons en éditer mille exemplaires, en partenariat avec les établissements visités.