La Brèche

Vous êtes déjà venu en résidence à La Brèche au début de ce projet. Rappelez-nous la genèse de LOOPS.
Cyrille Musy : Ce projet est arrivé à un moment où j’avais envie de me remettre en jeu en tant qu’artiste et en tant qu’interprète, après avoir passé du temps à diriger la compagnie et à mettre en scène. Je me suis rendu compte que mes envies de trampoline, d’acrobatie et de danse étaient toujours présentes. Mais, à 45 ans, étais-je en train de tourner en rond ? L’âge avançant et mon corps fatiguant, la question se posait de savoir si je devais sortir de cette boucle-là, ou pas. C’est la thématique de ce spectacle : les boucles (loops) dans lesquelles nous nous inscrivons, comment on s’en extrait et pourquoi. Est-ce pour plonger dans une autre ? J’interroge donc ces répétitions auxquelles nous sommes tous confrontés : celles qui nous rassurent, nous enferment ou nous font progresser.

Le ton de LOOPS n’est absolument pas pessimiste. Comment amènerez-vous la légèreté revendiquée par la compagnie Kiaï ?
CM : Ce spectacle propose, parallèlement aux boucles chorégraphiques et aux acrobaties sur le trampoline, des boucles musicales. La musique en live est omniprésente dans toutes nos créations. Actuellement nous exploitons trois voix, ou plutôt trois aspects de ma propre voix : la première est poétique et philosophique, la seconde est une petite voix de diablotin qui pourrait être celle de ma conscience et la dernière, celle du réel, du quotidien. La légèreté est aussi présente par le mapping vidéo, qui illustre l’espace mental de mon personnage et qui me permet de jouer et d’interagir avec ses doubles. Les images apparaissent sur des écrans, des praticables, mon corps et sur un trampoline vertical, à l’arrière. Elles dessinent et font scintiller les arêtes de la structure.

Quelle part occuperont le son et la musique en live dans LOOPS ?
CM : La scénographie se divise en deux espaces distincts et je switche de l’un à l’autre. Le premier est l’espace intime où j’ai ma guitare, mon micro, et où j’interagis avec le public. J’ai composé la base des morceaux présentés, et Victor Belin les a enrichis et arrangés. Le second est un espace mental, chorégraphique et visuel. Des capteurs, disposés sous la toile verticale, sont sollicités tel un grand tambour, d’autres sont placés sous les praticables et, en marchant dessus, j’en joue comme des percussions. Enfin on sonorise aussi la toile du trampoline, pour profiter des frottements, des glissades, du son des moments dansés. LOOPS proposera différents niveaux de lecture autour de ce que je vis, un moment de bascule vers, peut-être, mon dernier spectacle au plateau…