La Brèche

Le CNAC vous a demandé de mettre en scène le spectacle de fin d’études de sa 36e promotion, avec David Gauchard. Pour vous, ce n’est pas tout à fait une première ?
Martin Plisse : C’est vrai que j’avais assisté Jérôme Thomas lorsqu’il mettait en scène la 24e promotion, en 2014. Aujourd’hui, c’est à David, qui vient du théâtre, et à moi, qui viens du cirque, que la tâche est confiée. Et ce n’est pas la première fois non plus que je travaille avec cette 36e promotion : je les avais déjà mis en scène en 2023 dans le cadre des Écritures Croisées du CNAC, pendant leur 2e année de formation. Il s’agissait d’une performance mêlant deux univers, le cirque et la musique, avec la musicienne, compositrice et DJ Chloé Thévenin. La rencontre s’était très bien passée avec les jeunes, mais nous n’avions joué que trois fois, alors la proposition de les mettre à nouveau en scène est une grande joie pour eux comme pour moi. Je les connais déjà tous ; l’histoire peut reprendre.

Là où d’autres promotions du CNAC comportaient jusqu’à quinze élèves ou plus, celle-ci en compte six. Est-ce un atout ?
MP : Cela constitue à la fois un confort de travail et un challenge. Les précédentes promotions proposaient un grand spectacle de troupe. Là, il n’y a pas d’effet de nombre : le travail individuel sera conséquent. Les acrobates ne pourront guère se ménager ! Je souhaite d’ailleurs qu’ils développent un effort constant, très physique et très engagé sur la durée. Sortant de l’école et futurs professionnels, ils sont pleins d’énergie. D’où le titre, Brûler d’envie(s), avec un pluriel qui dit bien leur enthousiasme à vouloir tout tester, et un verbe, brûler, qui dit bien le risque que cela représente de vouloir tout faire, ou tout avoir. Le spectacle évoque ces écueils sociétaux et David Gauchard et moi, forts de nos expériences, incitons chacun à maîtriser ses pulsions et ne pas se consumer.

Comment s’opère l’écriture du spectacle en terme de scénographie, de lumière et de musique ?
MP : Tout est entièrement écrit sur la question du rapport physique des artistes de cirque à leur agrès. Il n’y a pas de préconçu théâtral. Ce qui fait théâtre, c’est ce que nous engageons physiquement. Nous partons de leur pratique pour parler du monde d’aujourd’hui, de ses abîmes, des extrêmes… L’univers sera urbain, épuré, multiculturel comme cette promotion, lumière synthétique avec des dispositifs individuels (lampes torches…), et musique électronique composée par Kwalud, qui a l’habitude de travailler avec David Gauchard. Les six acrobates traverseront cette ville sans jamais s’arrêter, que ce soit au plateau ou sur la piste qui passera derrière les gradins, dans l’esprit du parkour. Ils courront avant l’arrivée du public et courront encore quand les spectateurs sortiront.