
Du mouvement, du chant lyrique, de la musique électro et des arts numériques, Justine Berthillot convoque pour Mermaids un casting 100% féminin avec, au plateau, quatre danseuses-acrobates et une chanteuse. Avec cette histoire d’eau et de féminin, autour de la figure de la sirène, elle embarque le public dans un univers pailleté aquatique pop, entre réel et virtuel.
Mermaids signifie sirène en anglais. Pourquoi avoir choisi ce thème autour de ces créatures mythiques, mi-femme mi-poisson ?
Justine Berthillot : Le thème des sirènes est un motif présent depuis longtemps, en filigrane, dans les textes de Pauline Peyrade, avec qui j’ai écrit trois pièces, dont L’Âge de détruire, avec une scène de Barbie sirène. Lors de la création d’On ne fait pas de pacte avec les bêtes, avec Mosi Espinoza, on nous a beaucoup parlé de sirènes et de mythologie sous l’eau. Plus tard, j’ai joué dans L’Âge de détruire qui comprend une scène de sirènes. Avec ces deux endroits de recherche – le vivant et les femmes en lutte – le thème s’est imposé comme une évidence. C’est la première fois que je m’empare d’un motif d’emblée accessible, culturel, populaire. Cela modifie mon processus de travail et c’est ce qui m’intéresse. Ce choix de thème me permettra de créer du mystère et de l’abstraction, bref tout ce que j’aime !
Avec Mermaids, c’est la première fois que vous ne serez pas au plateau. Qu’est-ce qui motivé votre décision ?
JB : Depuis ma sortie du CNAC, j’ai toujours créé et je n’ai été que rarement interprète, et pourtant, on m’a souvent considérée comme telle. Ne pas apparaître au plateau me permet ici d’assumer le statut de créatrice. C’est un vrai challenge ! Autre défi : m’entourer d’une équipe exclusivement féminine, jusque dans la technique. J’avais envie de vivre cette création avec un groupe féminin, une communauté sororale, et de mener une réflexion entre femmes sur le sujet de la pièce. Très vite, j’ai souhaité mêler circassiennes et danseuses, pour assumer une signature aussi acrobatique que chorégraphique. Le chant lyrique, lui, s’imposait en référence à La Petite sirène d’Andersen, à la puissance des sirènes, et pour donner une voix au corps muet des interprètes au plateau.
La musique et les arts numériques auront une grande importance ici. Décrivez-nous « l’univers pop inter-connecté » que vous avez imaginé…
JB : Nous allons travailler sur le tissage entre son et chant lyrique. Mes goûts personnels me poussent toujours vers l’antique et le classique (comme Purcell), mais aussi vers des choses très modernes en musique électronique, entre mythes ancestraux et zoofuturisme. Ici, l’accent sera mis sur les corps en mouvement, mais la vidéo et les arts numériques permettront de projeter des fragments de texte, même si je me suis promise, cette fois, de ne pas être trop bavarde… Il s’agira d’évoquer un monde post montée des eaux, mais aussi la métamorphose et l’hybridité dont on a vivement besoin en ce moment pour inventer un rapport plus sain au vivant, et sortir des binarités. Pour la scénographie, j’imagine un univers fun et coloré pour que le public perçoive la petite lueur d’optimisme.
PRODUCTION
Compagnie Morgane
COPRODUCTION
Maison de la Danse – Lyon ; La Fraternelle – St- Claude ; La Fabrique des Possibles – Oise en cours ; Les Quinconces L’Espal – scène nationale du Mans ; Pôle National Cirque Le Prato – Lille ; Scène nationale de Bourg-en-Bresse ; Théâtre de Mâcon – scène nationale …