
Avec Lignes, Noémie Deumié crée une scénographie qui, manipulée par les deux interprètes aérien·nes, visite les recoins de la salle. Des contrepoids périlleux, des changements de géométrie à vue, un feu d’artifice surprise, des confessions intimes, et deux corps engrenages, connectés sans se rencontrer, qui donnent vie à ces lignes de tissus et de cordes. Une danse à deux.
Jusqu’ici interprète, vous signez avec LIGNES votre première création personnelle. De quelles envies est-elle née ?
Noémie Deumié : Ce qui me motive, c’est de modifier mon agrès, le tissu aérien, et de le faire circuler dans un espace vide qui se complexifie. L’idée est d’obtenir un espace entièrement rempli d’un agrès-ligne. Je souhaitais également parler, avec un jeu de contrepoids et de circulation de l’agrès, d’interdépendance et de la relation à l’autre. Dès le départ j’ai eu envie d’être au plateau, et d’explorer cela dans une relation duelle. Il fallait une alternance entre deux personnes dont une est à chaque fois au service de l’autre ou d’elle-même dans un jeu de vases communicants, et que le tout puisse voyager. Parfois, on aura un solo accompagné, parfois un duo, pas forcément avec la même personne. Je voulais que l’espace des responsabilités puisse circuler.
Et cette autre personne est une femme. Quel message votre duo va-t-il transmettre ?
ND : Ne pas travailler avec un homme cisgenre m’évite l’amalgame sur le possible rapport amoureux hétérosexuel. Je préfère traiter sur le sujet de l’amitié, de la confiance, de l’entraide, d’un chant à deux où l’on fait exister l’autre. Une de mes obsessions, c’est de rendre la pièce la plus accessible possible au public, et qu’il s’identifie à nos escalades périlleuses par une prise de parole, qu’elle soit frontale ou non. Je pense que parfois, nous verbaliserons notre ressenti, par exemple notre peur de nous lâcher… Pour l’instant, le spectacle commence par une introduction où je demande au public de me tenir : je lui confie la responsabilité de saisir un bout de la ligne qui tombe du ciel. C’est le concept de « la réunion réussie », pour aider le spectateur à entrer dans ma proposition.
La scénographie de LIGNES sera épurée, soulignée par la lumière. Comment l’avez-vous travaillée ?
ND : Je me sens inspirée par les créations de Fanny Soriano et Chloé Moglia avec lesquelles j’ai collaboré, et de Phia Ménard pour son rapport à l’espace. Nous partons d’un fil noir presque invisible et du cheminement d’une petite corde qui s’épaissit, nous permettant ainsi d’explorer l’espace aérien. La simplicité apparente favorisera l’identification des spectateur·ices. Domitille Martin m’a aidée pour hybrider les matières entre elles et pour fluidifier le trajet de la ligne. La musique, plutôt planante, aura plusieurs textures et laissera la place au silence et à nos souffles. La lumière, très importante pour cacher plus ou moins les lignes, est encore à l’étude. La résidence à La Brèche sera l’avant-dernière : nous peaufinerons les détails de la dramaturgie et le sens global du spectacle.
PRODUCTION
Les Thérèses
SOUTIENS
Création soutenue par la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie | Le dispositif d’aide à l’insertion Jeunes Diplômés National Cirque
COPRODUCTION
Archaos – Pôle National Cirque de Marseille • La Volière – Cirque aérien, Saint-Nazaire • École Nationale de Cirque de Châtellerault • Les Noctambules – École de cirque et lieu de fabrique des Arènes de Nanterre • La Verrerie d’Alès – Pôle National Cirque d’Occitanie • Le Palc – Pôle National Cirque Grand Est – Châlons-en-Champagne
ACCUEIL EN RÉSIDENCE
École Nationale de Cirque de Châtellerault • La Verrerie d’Alès • Circa • Le Plongeoir • Scène Nationale d’Aubusson • Le Palc • La Volière • Les Noctambules • La Brèche • La Grainerie