La Brèche

C’est bavard le corps humain. Quand tu marches en canard par exemple. C’est pas seulement parce que tu as fait beaucoup de danse à l’académie quand t’étais petit. C’est aussi peut-être parce que t’es un gars ouvert, t’aimes bien le dialogue, tu laisses les gens entrer chez toi. Ça vient des hanches, tu fais pas vraiment exprès, mais là on pourrait dire que c’est ton corps qui parle. Voilà, tu marches en canard et tu parles.

Comme on était plein de corps sur le plateau du théâtre avec des circassiens, des comédiens, des techniciens, pour écouter tout ce qu’ils disaient ces corps, il y a eu comme une fusion. Ça s’est mêlé dans tous les sens. Les gens, les matières, les lumières, les sons, tout ça, on ne savait plus où était le moteur, si c’était la tête ou les jambes, si on faisait du théâtre ou du cirque, si c’était de la technique ou de l’art, si on était dedans ou dehors.

Alors, le théâtre s’est levé. Il était dans ses beaux rideaux en velours noirs et il a dit : « Je suis un corps humain ». On a tout pris. On a commencé à se déguiser en globule, en clavicule, en testicule, …  Maintenant, le public entre dans le théâtre, il entre dans un corps.