La Brèche

Même si vous passez d’un duo à un trio, ARMOUR se situe dans la continuité de CUIR, votre précédent spectacle.
Arno Ferrera : Gilles Polet avait rejoint l’équipe de CUIR en 2021. Notre évidente complicité nous a donné envie de poursuivre le travail ensemble et de proposer une nouvelle création. Après la Cie Un Loup pour l’Homme, ce sont cette fois Les Halles de Schaerbeek qui nous produisent. ARMOUR continue de questionner les masculinités plurielles et les envies de changement qui s’y rattachent. CUIR évoquait la soumission, la domination, le pouvoir versatile non pas sur l’Autre, mais avec l’Autre. Ici, nous travaillons sur la notion de protection, et même de (sur)protection. Et si, dans CUIR, nos agrès étaient des harnais de sellerie équestre, la recherche artistique d’ARMOUR s’intéresse, cette fois, aux équipements de sports de combat.

Comment vos corps vont-ils conjuguer ces masculinités plurielles au plateau ?
AF : (Sur)protection et violence sont liées. La recherche physique va se développer à partir des équipements de protection et d’armures. Comment ces outils qui servent à l’impact et la confrontation peuvent être sources de langage acrobatique et chorégraphique ? Comment leur donner une autre fonction ? Rejoints par Charlie Hession, expérimenté en jiu-jitsu brésilien et dans l’art du shibari (bondage japonais), notre trio travaille les portés acrobatiques dans une dimension intime. S’ouvrant à une fragilité assumée, le projet propose une représentation d’un amour libre et généreux,
universel et pluriel. Notre écriture s’enrichit de plusieurs regards artistiques : Bauke Lievens, Renée Copraij, Phia Ménard et Frédéric Arsenault, co-fondateur de la Cie Un Loup pour l’Homme.

La lumière et le son participeront, eux aussi, de l’intimité de votre bulle.
Gilles Polet : L’univers sonore sera spatialisé et émanera de plusieurs sources. Le travail sur la lumière suit en quelque sorte une révolution solaire, dans un espace qui se situe entre le coucher du soleil et l’aube, en suggérant la fin d’un cycle et le début d’un autre. Nous défendons le besoin de changement, notamment des masculinités, et la fluidité des transformations qui en découlent. Le public, lui, sera tout près de nous, dans des gradins disposés en tri-frontal, en réponse à notre trio. L’espace scénique sera intime, par la force des choses. Ici, nous sommes tous les trois confrontés à l’autre dans un espace condensé, et nous jouerons avec la proximité du public. Cela nous plaît que les spectateurices soient à vue : non seulement iels peuvent nous observer, mais aussi s’observer entre elleux.