Site Internet : www.remi-david.com
Rémi David est né en 1984 à Cherbourg. Il est écrivain et magicien. À quinze ans, il est lauréat du prix du Jeune Écrivain Français pour une nouvelle, Adeline, publiée au Mercure de France. Quinze ans plus tard les éditions Le Tripode publient un de ses textes, Lava, porté sur scène par le comédien Denis Lavant et récompensé par le Centre National du Théâtre (devenu Artcena). Le livre, écrit dans une langue en grande partie réinventée, est le long monologue d’une femme qui s’explique devant un tribunal sur le meurtre de son enfant. Rémi David poursuit son travail d’exploration de la langue et de l’humain avec Apa, publié en 2018 aux éditions Mercure de France, écrit aussi dans une langue imaginaire et qui évoque un amour incestueux entre un fils et sa mère. Il est l’auteur également d’ouvrages pour la jeunesse, consacrés notamment aux œuvres d’Ernest Pignon-Ernest, de Robert Desnos, du Mime Marceau ou bien d’Hundertwasser. Magicien parallèlement à sa pratique de l’écriture, il publie en 2017 une Philosophie de la magie aux éditions Autrement, avec la complicité de Michel Onfray qui en signe la préface. Le texte, à la fois érudit et poétique, émaillé d’anecdotes et de portraits des plus grands illusionnistes, sonde les arcanes de la prestidigitation et offre un éclairage singulier sur son usage à des fins manipulatoires, notamment dans le monde politique et médiatique. Rémi David fonde en 2012 l’association M’AGIS qui propose, en France et partout dans le monde, des spectacles et ateliers de magie à des populations en grande difficulté. Dans ce cadre, il est intervenu notamment dans la jungle de Calais, auprès de mineurs isolés en région parisienne, de jeunes enfants sourds et malentendants au Cambodge, dans des bidonvilles à Mayotte, des centres pour jeunes filles victimes d’abus aux Philippines, des orphelinats au Sri Lanka, des villages isolés au Mali, etc.
Vous serez le premier auteur à être accueilli en résidence d’écriture à la Maison des Artistes. Sur quoi allez-vous travailler ?
Rémi David : Je mènerai de front deux projets. Le premier se situe dans la continuité de mon livre, Philosophie de la magie, préfacé par Michel Onfray. Dans ce second volume je n’explorerai pas cette fois-ci les liens entre magie et philosophie mais ceux tissés entre la magie et la littérature. Michel Onfray préfacera également l’ouvrage. La résidence me permettra de réaliser un important travail documentaire et rédactionnel. Elle interviendra au moment où sortira au Mercure de France un autre de mes livres : Le Goût du cirque. Il s’agit d’une anthologie d’une cinquantaine de textes littéraires et philosophiques sur le cirque, de l’Antiquité à aujourd’hui : un voyage en compagnie de Théophile Gautier, de Daniel Butor, de Nietzsche et de bien d’autres, notamment Jean Starobinski, décédé en mars dernier. J’ai toujours été attiré par cet art, j’ai d’ailleurs suivi un cursus en ce sens au Centre National des Arts du Cirque, un Certificat en dramaturgie du cirque.
Le second projet que je travaillerai à La Brèche, est une expérimentation autour de l’écriture improvisée et simultanée avec des circassiens. J’ai expérimenté ce processus d’écriture-live et de mise en scène de la littérature avec la funambule Tatiana-Mosio Bongonga, de la compagnie Basinga ainsi que lors de sessions de travail au CNAC. Cela s’est révélé passionnant… Le principe est le suivant : je suis au plateau pour écrire un texte qui n’est pas du tout préparé, l’improviser à partir de ce que réalisent les artistes circassiens devant moi. Le texte est lu en direct par une comédienne associée au projet, Karine Amiot. Une forme nouvelle d’écriture et de mise en scène du texte en train de se faire, au croisement de la littérature et du cirque. À chacun de mes trois séjours ici, en avril, juin et novembre, je mènerai des expérimentations de ce genre avec les compagnies qui seront aussi en résidence : une forme de recherche appliquée qui questionnera à sa façon la place du texte dans le cirque d’aujourd’hui.