Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons connaissent La Brèche par cœur pour y être venus à plusieurs reprises, notamment pour la création d’un de leurs spectacles, De nos jours (Notes on the Circus). Nous les retrouvons cette fois pour leur nouveau projet, Mission géniale, qui les mobilisera pendant encore trois années. Humour, travail, recherche, performance,… le duo respire le cirque, vit le cirque.
Mission géniale est le titre d’un projet de vie artistique que vous menez depuis 2014 et jusqu’en 2018. De quoi ça parle ?
Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel : Par définition, une mission est souvent secrète, parfois politique, espionne, super-éros, mission pirate parfois, mission « aventurier » dit Harisson Ford, ou encore mission « J’ai rien trouvé », répond le chercheur d’or. C’est souvent difficile, délicat, temporaire, impératif et on n’est pas sûr de la remplir. On peut ne pas y arriver. On envoie souvent des volontaires en mission, et nous, nous sommes des volontaires. Nous écrivons des marches et des hymnes de cirque parce que la musique de cirque vient de la musique militaire. Les militaires ont fait les guerres et les guerres ont fait les pays et les pays ont des hymnes. Nous avons remarqué que les paroles de ces hymnes sont le plus souvent des ordres, des affirmations, et que tous les hymnes sont interchangeables !
La musique est en effet importante dans votre projet. De quelle manière s’invite-t-elle dans le spectacle ?
VP, TH : En tant que musiciens de cirque volontaires, nous écrivons des nouveaux hymnes pour les choses sans importance apparente qui doivent être célébrées. Nous espérons que nos hymnes seront repris par les nations : un hymne à l’ouverture d’une porte de placard pour L’Europe, un hymne pour le Qatar qui ne serait plus « Vive l’Émir! » mais l’hymne à l’heure-de-la-journée-où-on-ne-sait-pas-quoi-faire. Parce qu’après tout, ce sont les petites choses qui font les grandes, et que « la fête est permanente ». Nos paroles sont des questions et « des aveux pour » parce que nous en avons plein, parce que la fierté d’un pays ne doit pas s’exercer dans le fait de s’avouer vainqueur, mais dans celui de s’avouer à soi-même, et que la victoire n’a rien à voir avec la guerre !
Vous nous avez expliqué le pourquoi du mot « mission ». Expliquez-nous maintenant ce que vous entendez par « géniale » ?
VP, TH : C’est une réponse temporaire à Robert Filliou et à son Territoire de la République Géniale, unendroit où les gens passeraient plus de temps à développer leur génie plutôt que leur talent. Pour lui, être un être humain signifie être un génie. À s’acharner à développer individuellement nos talents, nous perdons peut-être cette qualité commune à tous. Et génial aussi dans le sens de la jubilation, émotion porteuse de toutes les autres, l’émotion numéro un du cirque : la surprise. Grâce à notre carte incomplète des territoires de l’intime, projet mégalomane de bonheur, nous nous y retrouvons. Nous avons plein d’objets au plateau : nous avons plusieurs pistes ! Le cirque n’est pas un. Ce serait le tuer que de le définir une fois pour toutes. Il y a autant de cirques que d’artistes de cirque.
Direction de production : Mathilde Ochs
Production déléguée : Murailles Music
Coproduction et accueil en résidence : La Brèche, Pôle National des Arts du Cirque de Normandie / Cherbourg-en-Cotentin ; Le Centquatre – Paris ; Les Subsistances, Laboratoire international de création artistique – Lyon ; Institut Français – Beyrouth (LB)
Coproduction : Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie ; Le Lieu Unique, Scène nationale de Nantes ; Théâtre de la Ville – Paris ; Association Le Point Triple ; Film Argent ; Argent Eléphant
Soutien à la résidence : L’Espace périphérique, lieu de création dédié aux formes contemporaines des arts du cirque, de la rue et de la marionnette – Paris