Site Internet : www.legdra.fr
Après son Tryptique de la personne, le GdRA entame une nouvelle série, La Guerre des Natures, avec un premier volet intitulé Lenga. Comme pour ses précédents spectacles, le collectif se base sur un travail d’enquêtes anthropologiques pour créer « une fiction vraie » au plateau.
Dans Lenga vous serez quatre au plateau : vous-même, Julien Cassier et deux autres artistes, Maher Ranaivoson – un Malgache – et Lizo James – un Sud-africain. Qu’est-ce qui vous réunit ?
Christophe Rulhes : Que ce soit Maher, Lizo, Julien ou moi, nous parlons chacun plusieurs langues, du xhosa d’Afrique du Sud au merina de Madagascar, de l’occitan au français, en passant par l’anglais. Nous éprouverons ces langues qui nous traversent et cohabitent dans nos corps. Souvent orales, elles sont associées à des pratiques : danse de bâton, transe, rituel, percussion corporelle, acrobatie. Quand je joue de la cabrette, cornemuse traditionnelle occitane, c’est lié à une façon de concevoir le souffle et forcément associé à une langue. Nous travaillerons ce lien intime entre chair et langue. Cela commencera par des entretiens biographiques avec Lizo et Maher. Le premier est né dans les townships de Cape Town, le second a grandi en faisant de l’acrobatie dans les rues d’Antananarivo.
Vous avez d’ailleurs prévu des voyages dans chacun de ces deux pays, suite à la résidence à La Brèche. Quelle matière comptez-vous ramener de ce périple ?
CR : Lenga est un portrait de nos invités Lizo et Maher. En visitant l’Afrique du Sud et Madagascar, nous vivrons un temps leur plurilinguisme, leur façon de porter leurs traditions ancestrales au cœur de leur présent. Sur place, nous filmerons leurs grands-mères pour évoquer la transmission linguistique et culturelle. Ces pays sont « hyperdivers » en langues, faune, flore, et Lizo et Maher sont des artistes « plurivers », tandis que la diversité humaine se tarit et que trois mille langues sont appelées à disparaître durant ce siècle. Lizo et Maher danseront au son des voix de leurs grands-mères. Nous sommes des artisans du jeu et nous rirons à n’en pas douter, mais le constat est vraiment alarmant : si la langue xhosa disparaît par exemple, un peuple tend à disparaître lui aussi.
Le risque, pour le public, est de se trouver pris au piège d’un discours qu’il jugerait militant. Comment les artistes aborderont ces sujets-là ?
CR : Les quatre performeurs s’expriment librement dans l’épreuve des corps. Nos gestuelles distinctes sont la trace d’une diversité biolinguistique transmise, résistante et joyeuse, malgré l’ombre qui approche. La communauté scientifique elle-même constate que nous basculons dans une ère géologique différente, inquiétante, où le premier facteur d’influence est l’activité humaine : l’anthropocène. Il faut une réaction urgente. Or la nature ne se départ pas de la culture, et inversement. L’ambition de la nouvelle série La Guerre des Natures, c’est de restituer à travers le monde plusieurs points chauds de cette guerre climatique, culturelle, et de ramener des témoignages de divers pays pour les transfigurer vers la scène. Là où résistent les arbres résistent les langues.
Production : GdRA
Partenaires (en cours de construction) : Théâtre Vidy-Lausanne (CH) ; L’Usine, Scène conventionnée pour les Arts dans l’espace public, Tournefeuille / Toulouse Métropole ; Théâtre Garonne – Scène Européenne, Toulouse ; La Brèche, Pôle National des Arts du Cirque de Normandie / Cherbourg-en-Cotentin ; CIRCa – Pôle National des Arts du Cirque, Auch ; Les Treize Arches – Scène conventionnée Arts croisées, écritures d’aujourd’hui, Brive
Avec le soutien de : l’Aléa des Possibles – Chapito Metisy, Antananarivo (MG) ; Zip Zap Circus School, Cap Town (ZA)
Le GdRA est conventionné par la DRAC Midi-Pyrénées, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées et la Ville de Toulouse.