Collectif & / Anne Quentin, Cathy Blisson

RÉSIDENCE D’ÉCRITURE

DU 20 AU 31 MAI 2019

Site Internet : collectifesperluette.com

Fondé en 2015 par Cathy Blisson & Anne Quentin, le Collectif &. mène des projets in situ à partir de collectes de paroles ordinaires, avec la volonté de les ramener dans leur poésie brute au cœur des institutions culturelles.
Pour démultiplier les points de vue sur un sujet et en déjouer les évidences, elles proposent des formes qui agissent par faisceaux de médiums, constellations d’objets textuels, sonores, visuels et/ou performatifs.
En 2016, elles signent Ouvrir une brèche, proposition scénique entre conférence performée, exploration documentaire et cabaret rap, née d’entretiens menés avec neuf détenus mineurs et majeurs rencontrés dans les prisons et maison d’arrêt de Caen et Cherbourg-en-Cotentin (création les 14 et 15 Septembre 2016, à La Brèche, avec la participation de l’artiste circassienne Angela Laurier).
L’année suivante, elle créent le BAL-LAB, proposition hors scène, entre bal, création sonore, performance, et espace laboratoire d’exposition impliquant l’édition d’un fanzine, suite à un an d’immersion à La Courneuve, avec pour fil rouge une exploration de nos manières de résister, ici et maintenant (création le 9 décembre 2017 au Centre Culturel Houdremont, scène conventionnée de La Courneuve).
En septembre 2018, suite à l’obtention d’une résidence d’écrivains de la Région Île-de-France, elles présentent Un dromadaire sur la banquise à Mains d’Œuvres (Saint-Ouen), parcours textuel suivi d’une rencontre-débat avec Fanny de Chaillé, Christophe Fiat, Jean-Yves Jouannais, et Jean-Charles Massera, interrogeant les ressorts d’une littérature qui se cherche dans l’espace pour s’exposer ou se performer.

Lors de votre première résidence ici en 2016, vous étiez venues travailler sur votre projet Ouvrir une brèche. Qu’en sera-t-il pour cette nouvelle résidence d’écriture ?

Collectif & : Depuis trois ans nous travaillons sur des projets in situ, à partir d’enquêtes de terrain. À chaque fois, nous adaptons la forme proposée aux paroles et aux situations rencontrées. Nous nous sommes rendues compte que nous créons des formes qui agissent par faisceaux de médiums, à l’intersection des genres artistiques. Il pourra s’agir d’incorporer des mouvements, des écrits, des images, des paroles, de partir sur une conférence performée ou un bal augmenté : nous ne nous préoccupons jamais de la forme finale d’un projet avant de le débuter. La multiplicité de ces médiums nous permet de confronter une multiplicité de points de vue sur un même sujet. L’idée de cette prochaine résidence à La Brèche, c’est de nous arrêter et d’interroger ce processus, de poser des mots sur notre recherche en dehors de l’urgence d’un projet. Il s’agira de porter un regard critique sur nos actions passées et de comprendre ce qui se joue-là, tout en réfléchissant aux protocoles de nos actions futures.
Au départ, nous avons toujours une problématique qui se base sur un mot. Nous cherchons à faire parler ce mot en posant sur lui un regard à 360° : quasiment un regard de cirque… Il nous semble intéressant d’analyser aujourd’hui comment ce 360° du regard crée du point de vue, comment différents médiums vont donner différents éclairages sur un contexte donné. Nous voulons notamment revenir sur le bal que nous avons créé suite à un an de résidence à la Courneuve en 2017 : nous y faisions intervenir des joueuses de football américain et un groupe de danseurs. Il est aujourd’hui question de réactiver ce projet dans un autre contexte, qui pourrait nous amener à faire intervenir des artistes de cirque, et peut-être des boxeurs. Comment donc faire évoluer notre démarche pour éclairer encore autrement nos modes de résistance ? Nous laisserons bien sûr une trace de cette réflexion, mais nous ne savons pas encore quelle forme elle prendra. Ce qui est sûr, c’est que nous souhaitons nous mettre en jeu pour interroger nos manières d’appréhender la rencontre, qui reste au centre de tout notre travail.