Naly Gérard

RÉSIDENCE D’ÉCRITURE

Du 22 juin au 10 juillet

octobre 2019 / ITV réalisée par Emmanuelle Lemesle pour La Brèche

Journaliste et auteur d’ouvrages collectifs, vous viendrez en résidence d’écriture à La Brèche pour travailler à la rédaction de votre prochain livre. De quoi traitera-t-il ?

Naly Gérard : Je m’intéresse aux artistes de cirque qui s’inspirent du forain. Les spectacles « forains », historiquement, sont les attractions que l’on trouvait dans les foires d’autrefois, présentées par un bonimenteur. Cela allait des acrobates aux montreurs d’animaux et aux phénomènes humains. Cela désigne aussi les spectacles dans les fêtes foraines du début du XXe siècle, également les formes de théâtre ambulant. Le forain, c’est tout un imaginaire véhiculé notamment par le cinéma – La Strada de Fellini ou Freaks de Tod Browning par exemple. C’est une forme qui joue sur le spectaculaire, le sensationnel, et la relation proche et directe avec le public. Pourquoi des artistes d’aujourd’hui puisent-ils dans ce patrimoine-là pour créer leur spectacle ? Comment cette tradition peut-elle nourrir l’invention ? Comment chaque artiste choisit-il de s’approprier cette imagerie ? Peut-on parler de « forain contemporain » ? Ce sont des questions que je me pose. Cette résidence à La Brèche me permettra de relier les différents fils de ma recherche. C’est une chance de pouvoir écrire dans un lieu pensé pour le cirque, de côtoyer les artistes qui y travaillent, de me tremper même brièvement dans le bain de la création. L’écriture est une activité solitaire qui se nourrit des échanges et des instants partagés. Avec Jeanne Mordoj, qui sera en résidence également à la Brèche, nous avons prévu de dialoguer ensemble sur la question du « forain contemporain». Depuis le spectacle Eloge du poil, elle a trouvé des figures très personnelles, comme la femme à barbe ventriloque ou la femme-poule. Et cela aiguillonne ma réflexion. Je crois que chez les artistes qui affirment une veine foraine, il y a souvent la volonté de toucher un public le plus large possible, aux bagages culturels très différents. Et aussi un désir de renouer avec la dimension physique du spectacle : ce rendez-vous avec des humains de chair et de sang, devant nous, ici et maintenant. Le forain met peut-être en relief la relation particulière, unique, que représente le spectacle vivant.