Site Internet : galapiat-cirque.fr/c68-BLANC/
« Et si l’on les brûlait nos peurs ? Non pas pour qu’elles disparaissent définitivement – elles seront toujours là – mais pour accepter qu’elles font partie de nos vies et que le vrai risque à prendre ne serait pas de les chasser mais de les apprivoiser et de s’en moquer. » Sébastien Wojdan
Blanc est né de votre angoisse, il y a plusieurs années, de la maladie. Comment en faire un spectacle ?
Sébastien Wojdan : Étrangement j’ai eu longtemps peur de la maladie et d’autres fantômes invisibles, alors que je n’ai jamais peur de jongler avec des couteaux. Une amie m’a poussé à en faire un spectacle, pour peut-être en rire, tel un exutoire. Blanc est donc intimement lié à ma vie, mais il y a ici quelque chose d’universel, de collectif. Je suis entouré de gens qui ressentent la même chose et d’ailleurs toute notre société fonctionne ainsi, surtout actuellement. La scène reste un lieu privilégié où l’on peut exprimer des choses ; cela fait du bien aux artistes comme au public. Le processus de création est long parce que je ne pars pas d’un texte écrit. Le projet a commencé il y a cinq ans et pendant deux ans, nous avons enchaîné des laboratoires. L’idée était de construire avant tout un vocabulaire.
Et au fil des résidences, vous avez décortiqué le mécanisme de nos peurs, notamment avec la dramaturge Bauke Lievens. Quelle leçon en avez-vous tiré ?
SW : Que la peur est régie par un postulat mêlant regard de l’autre, jugement et punition. Cela a été un choc pour moi de réaliser que toute notre vie en dépend. Dès que l’on s’extrait des règles, on devient monstrueux. Cela m’intéresse de montrer tout ce que l’on cache aux autres, d’exprimer sur scène ce que l’on a en soi. Aucun voyeurisme ici, ni leçon de morale, mais plutôt une étude de l’humain. Après Marathon, mon précédent spectacle, j’ai pensé tout arrêter. Mais l’envie de créer s’est réveillée. Pour ne pas tricher, je suis parti d’une page blanche, et d’une scénographie avec quatre hauts murs, blancs aussi. Comme dans un théâtre anatomique, je vais disséquer et analyser. Jongler avec des couteaux peut être perçu comme violent, mais c’est aussi le moyen de regarder à l’intérieur.
Et vous jouez à montrer vos obsessions de façon décalée, avec humour et accessibilité. Que va voir le spectateur ?
SW : Je mêle cirque et théâtre corporel. J’arrive sur scène comme si je venais de courir dix kilomètres et je mesure pouls, poids ou encore la taille parce que dans notre société, tout est normé. Du côté des agrès je privilégie l’aspect métallique (marteau, chaîne, couteau ou encore les clous, très présents) et les éléments du quotidien (tasse, café, cacahuètes, oranges, etc.) Nous profiterons de notre résidence à La Brèche pour poursuivre l’écriture de Blanc. J’inviterai deux personnes : Federico Robledo pour le travail du corps la première semaine, puis un comédien metteur en scène qui m’aidera à trouver la bonne place pour chaque élément. Ici je souhaite être très précis, presque maniaque. À La Brèche, j’aimerais aussi trouver la bonne distance à mettre entre moi et le personnage.
Production : Galapiat Cirque
Coproductions & accueils en résidence : Cirk’Eole, Montigny-lès-Metz (57) ; Circuscentrum, Centre Flamand des Arts du Cirque, Gand (Belgique) ; Le Trio…S Théâtre, Scène de Territoire pour les Arts de la Piste, Inzinzac-Lochrist (56) ; Les 3T – scène conventionnée de Châtellerault (86) ; Les Tombées de la Nuit, Rennes (35) ; Provinciaal Domein Dommelhof, Neerpelt (Belgique) ; Le Carré Magique, Pôle National Cirque en Bretagne, Lannion (22) ; Le Channel, scène nationale de Calais (62) ; Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf; Houdremont, centre culturel La Courneuve (93) et Conseil départemental de Sein-Saint- Denis (93) …