TSIRIHAKA HARRIVEL

LA DIMENSION D’APRÈS

30 novembre > 11 décembre

À la 28e minute du spectacle GRANDE–, un jour, il s’est passé quelque chose d’imprévu. Ça a fait « clap » et marqué un arrêt obligé. C’était tout ça, et que ça en même temps : une minute pour un coup du sort. LA DIMENSION D’APRÈS part en partie de là, de ce détail dont il faudra révéler toute la profondeur, en l’agrandissant par effet de zoom, pour en explorer les multiples significations – chute ou applaudissement, rythme, claque ou tarte à la crème dans le visage – en le déclinant dans tous les langages – musical, vidéo, lumineux ou corporel. Dans ce « télé-orchestrion » Tsirihaka Harrivel fera « comme si » il était dans un hôpital, comme s’il fallait qu’il tombe, encore et encore. Il faut parfois en passer par la fiction pour regarder ce qui s’est produit pour de vrai, en creuser toutes les dimensions et ouvrir « celle d’après », qu’elle soit celle du surnaturel, de la guérison ou simplement celle d’un possible futur retrouvé.

Vous travaillez et créez depuis quinze ans avec Vimala Pons. Pour ce nouveau projet, vous avez tous deux eu envie d’autre chose. Qu’en est-il ?
Tsirihaka Harrivel : Tous nos spectacles découlent d’un processus assez long de recherche commune, comme par exemple sur GRANDE- notre dernier spectacle. Aujourd’hui, nous avons besoin de plus d’indépendance dans la création, et de ne plus être dans une co-écriture. Mais nous ne nous éloignons pas pour autant l’un de l’autre. Ici, le principe est de démembrer GRANDE- et de zoomer sur certains détails, d’en développer des aspects autonomes chacun de notre côté. Moi j’ai choisi d’axer mon travail sur celui du geste et de la musique à travers l’idée initiale des coups. Je m’intéresse à la musique de cirque, aux coups portés sur scène et, par métaphore, aux coups du sort. Je serai seul au plateau et Vimala, qui crée en parralèle sa performance Le Périmètre de Denver, apparaît dans les vidéos.

Vous avez créé un dispositif technique complexe qui comprend en effet pour la première fois de la vidéo…
TH : Avec Vimala, nous  nous servions de la vidéo seulement en amont de nos spectacles. Ici la vidéo est vraiment considérée comme un objet, presque comme un agrès. L’écran lui-même va évoluer : l’image sera malmenée et sera amenée à chuter. Tomber est l’élément phare et incontournable du cirque. L’ensemble du dispositif s’inscrit dans la continuité de mon travail, du fait de considérer tout objet comme agrès, voire comme instrument de musique. Le plateau se transformera en un grand synthétiseur. La scène sera autant un banc de montage vidéo qu’un synthétiseur étrange, avec des déclenchements soudains de sons, de films, de musiques. Je travaille avec un séquenceur qui sera la tour de contrôle de l’ensemble et qui traitera de la même manière la lumière, le son et la vidéo.

Dans cette Dimension d’après, le cirque est omniprésent par l’idée de la chute. Comment s’incarne-t-elle ici ?
TH : Tout le spectacle est une chute continue fantomatique et symbolique. J’instaure une distance avec ce qui est montré : c’est moins démonstratif. Cela arrive à un moment de mon parcours où j’avais besoin de souffler. La performance physique s’en trouve plus cryptée, délicate.  L’idée de la gravité, avec en toile de fond une chute que j’ai faite pendant un spectacle, m’a longtemps hanté. Pour une fois, tout se situe à un niveau assez bas, sans jamais dépasser les cinq mètres. Le slapstick du cinéma muet m’a toujours fait rire (discipline des cascadeurs issue du slap-stick, deux bâtons frappés accompagnant les chutes). La ponctuation des accidents s’apparente aux cymbales dans la musique de cirque ponctuant l’exploit : l’on en revient à l’idée des coups sur scène, l’idée d’avoir l’esprit marqué.

 

 

 

 

 

Production déléguée : Victoire Chose
Coproductions : Théâtre de Nanterre-Amandiers, CDN ; Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie I La Brèche, Cherbourg et Cirque Théâtre d’Elbeuf ; Le CENTQUATRE-Paris ; Les Halles de Schaerbeek (Belgique) ; La Coursive, Scène Nationale de La Rochelle
Soutien pour les résidences : Le Bunker, Ljubljana (Slovénie)
Aides : Ministère de la Culture, Direction Générale de la Création Artistique ; I-Portunus, programme Europe créative de l’Union européenne ; Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile de France
avec la participation du CNC DICRéAM

CREATION
2 au 13 mars 2021, Centquatre – Paris

Distribution

conception, réalisation, exécution
Tsirihaha Harrivel

collaboration artistique
Vimala Pons

collaboration musique
Pierre Desprats

collaboration vidéo
Sylvain Verdet, Jeanne Privat, Clotilde Baste, Emmanuel Laffeach, Marie-Benoîte Fertin, Frédérique Devilllez, Élise Lahouassa

chef décoratrice des vidéos
Pascale Consigny

costumes
Marie-Benoîte Fertin

acteurs des vidéos
Vimala Pons, Tsirihaka Harrivel

collaboration dispositif lumière
Sylvain Verdet

régie et dispositif son
Thomas Laigle

régie générale
Charlotte Fégelé

construction scénique
Ateliers Nanterre-Amandiers, CDN (Jérôme Chrétien, Élodie Dauguet, Ivan Assaël)

conception moteur et robotique
Michaël Leblond, Le FabLab de la Maison Pop à Montreuil