D’un côté Juan Ignacio Tula, spécialiste de la roue-cyr, découvert en duo dans Somnium et Santa Madera, puis dans son solo Instante et dernièrement en tant qu’interprète dans la création de Cyrille Musy, Ring. De l’autre, Justine Berthillot, voltigeuse main à main, remarquée dans Noos, puis dans un registre plus théâtral dans Poings et Carrosse. Ensemble, ils créeront un ballet hypnotique d’objets-satellites pris dans le mouvement giratoire perpétuel de la roue-cyr. Création dans SPRING 2021 !
Votre prochain spectacle, Tiempo, sera de nouveau axé autour de votre agrès de prédilection, la roue Cyr. Quelle en sera la teneur ?
Juan Ignacio Tula : Il se trouve que dans mon précédent spectacle, le solo Instante, j’ai commencé à expérimenter le principe de la boucle infinie à la roue Cyr, en tournant sur moi-même du début à la fin de la pièce. Tiempo est en quelque sorte la suite de ma recherche autour de cette boucle infinie; mais, cette fois-ci, j’ai eu envie de partager ce mouvement perpétuel au plateau avec un autre interprète. Avec un temps cyclique ancré dans le quotidien de chacun, d’où l’idée d’une roue avec, évoluant à l’intérieur, des objets tirés de ce quotidien comme une chaise, un portant et d’autres objets divers. Et j’avais envie aussi de partager cette recherche avec quelqu’un. Alors j’ai choisi Justine Berthillot comme partenaire, pour à la fois pour écrire et jouer le spectacle avec moi.
Le duo s’est donc formé et vous voilà à deux à écrire Tiempo. Comment se déroule ce processus d’écriture à quatre mains ?
Justine Berthillot : Dans un premier temps, Juan a conçu tout ce dispositif autour de la roue Cyr. Il m’a ensuite invitée à chercher avec lui autour ce « nouvel agrès ». Il se trouve que nous nous rejoignons bien dans notre envie commune de détourner nos pratiques circassiennes, mais aussi les attentes qu’elles supposent. Dans cette pièce, nous ne faisons pas réellement de roue Cyr, ni de portés acrobatiques d’ailleurs. Tiempo revêt plutôt une forme hybride, à la fois théâtrale, chorégraphique et performative : nous nous rencontrons ici sur un terrain bien plus large que celui de nos disciplines habituelles. J’ai beaucoup de plaisir a créer autour du dispositif proposé par Juan, parce qu’il permet néanmoins d’écrire avec de véritables principes circassiens.
Décrivez-nous cette scénographie pour le moins innovante…
JIT : Nous utilisons un cerceau de trois mètres de diamètre dans lequel nous intégrons des objets tels qu’une chaise, un portant, un frigo,… Le plateau semble tourner or c’est nous qui générons le mouvement. Justine, habituée des portés acrobatiques, n’avait jamais travaillé avec la roue Cyr. L’agrès peut faire peur, même si nous ne l’employons pas de manière usuelle. Dans ce dispositif, nous tournerons pendant toute la durée du spectacle, ce qui nous procure des effets secondaires. Mais nous travaillons justement avec cet état car nous partageons tous les deux le même goût pour l’engagement, l’esprit performatif. Et le public, comme hypnotisé par la roue qui tourne sans cesse, sera confronté à la sur-concentration autour de ces deux solitudes évoluant dans un même espace, comme confinées…
COPRODUCTION (en cours) MA, scène nationale – Pays de Montbéliard; Ateliers Médicis, Clichy-sous-Bois et Montfermeil; La Verrerie, Pôle National Cirque Occitanie Alès; Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf AIDE / ACCUEIL EN RÉSIDENCE (en cours) Espace Périphérique, Parc de la Villette – Mairie de Paris; Maison de la Danse – Lyon; Festival de 7 Collines à Saint-Etienne PRODUCTION Triptyque Production – Andréa Petit-Friedrich et Marie Pluchart