La Brèche

Avec Connexio, vous revisitez complètement le dressage dans le cirque. Comment a germé cette envie de duo avec un animal, et plus particulièrement avec un chien ?
Vladimir Couprie : Tout est parti d’une impression, celle d’avoir un loup en moi. Alors même que j’étais encore en création du spectacle Famille choisie, j’ai eu envie de travailler avec un chien. Je me suis renseigné sur les différentes races et leurs caractères, et j’ai finalement choisi un berger blanc suisse à poils longs. Je voulais un chiot non dominant : je suis tombé sur Alba, qui s’est révélée tout de suite joueuse, douce, demandeuse d’apprendre. Mon travail est  à l’opposé du cirque traditionnel qui, par le biais du dressage, affirme au public, la supériorité de l’Homme sur l’animal. Je souhaite au contraire montrer que la nature peut nous aider à nous recentrer sur nous-mêmes en jouant d’égal à égal, avec bienveillance.

Vous avez adopté Alba en  janvier 2019. Comment se passe, depuis son arrivée, le travail avec ce partenaire d’un nouveau genre ?
VC : Je me suis formé seul, en autodidacte en regardant des vidéos et rencontrant des maîtres-chien. Je travaille avec un clicker, un boîtier qui émet des clics permettant à Alba d’associer des mots à des gestes. À terme, je souhaite que le public voie le moins possible tout ce travail ; notre relation doit être des plus naturelle. Il y aura aussi du diabolo, mon agrès depuis toujours. Connexio sera comme une danse habitée. Tout devra être fluide et organique à travers un jeu épuré. La chienne et moi évoluerons sur une piste en bois, circulaire et nous serons tous les deux au plateau d’un bout à l’autre de la pièce. Le travail d’écriture naît des recherches, des improvisations, de notre rapport l’un à l’autre, de nos envies. Actuellement, nous travaillons avec sa laisse.

La musique aura une grande importance dans Connexio. Parlez-nous de cette bande-sonore.
VC : La bande sonore est composée par Christophe Morisset, également metteur en piste, dans un répertoire d’improvisations jazz et swing, et interprétée par des musiciens dont Pauline Leblond au bugle. Alba est habituée à travailler en musique et sous chapiteau. Tout cela est normal pour elle. Lorsqu’elle connaîtra bien la bande son, elle pourra même  anticiper la figure suivante. Au final, j’espère qu’elle maîtrisera si bien les routines que je n’aurai plus besoin de lui parler verbalement.  Je lui enseigne beaucoup de codes corporels et vocaux. Il faut donner la sensation qu’Alba est libre, qu’elle fait tout par elle-même, par plaisir, que c’est elle qui dirige. Cela rendra le spectacle magique, même s’il est très écrit. Il y aura dedans l’essentiel de notre relation, avec et pour les spectateurs.