La Brèche

Vous venez travailler en résidence pour travailler sur votre prochain spectacle GAYA. Comment est né ce projet ?
Nacho Flores : GAYA est né de ma rencontre déjà ancienne avec Lucia Rosella et Jonathan Frau à l’école de cirque Carampa à Madrid. Nous avons le même parcours puisque nous sommes ensuite partis pour Toulouse, nous former à l’École supérieure des arts du cirque. Nous sommes amis mais nous n’avions jamais travaillé ensemble. Le point de départ de GAYA était l’envie de nous retrouver. Ici, tout part d’une maison, ou plutôt d’une cabane, et de trois personnages qui vivent différemment selon l’heure de la journée et de la nuit ; Lucia a besoin de contrôler, Jonathan de vibrer, et moi de comprendre. Toute l’histoire se construit au plateau autour de la cabane, véritable quatrième personnage.

Un quatrième personnage qui bouge, qui tombe. L’univers de GAYA est décidément burlesque…
NF : La poésie et le burlesque sont en effet très présents dans ce spectacle, ainsi que l’art du clown, même si nous n’en sommes pas vraiment. Le spectacle se présente comme une succession de situations clownesques, et se déroule sans paroles sauf, toutefois, lorsque nous parlons en langage GAYA ! En revanche, nous sommes tous très expressifs avec nos corps, bien sûr, mais aussi avec tout le bazar qui règne volontairement au plateau, causé soit par les interprètes, soit par la cabane elle-même, ce fameux quatrième personnage. C’est très visuel parce que nous nous attachons à mêler le théâtre corporel et le théâtre d’objets. La mise en scène devient même parfois surréaliste, voire expressionniste, avec une grande importance donnée aux couleurs et à la lumière.

GAYA s’adresse à tous les publics. Y aura-t-il plusieurs niveaux de lecture ?
NF : Oui et c’est notre souhait. Petits et grands interpréteront différemment le loup, les fusils, le Minotaure, l’œuf en bois, le cactus, le lasso, la nuit, le jour… GAYA c’est une prise de risque, un dépassement de l’imaginaire, une recherche de mouvement. GAYA, c’est aussi crier le désaccord par le biais de cordes tendues entre les joueurs et leurs objets. C’est dépasser l’intelligible pour entendre les organes, le vol des nuages et le rugissement de l’esprit. Nous évoluons dans un espace-temps indéfini, proche du western. Nous travaillons pour l’instant sur des musiques que nous aimons bien, en attendant la partition composée spécialement pour le spectacle. À La Brèche, nous veillerons aux finitions, notamment en termes de lumières, en présence du metteur en scène Christian Coumin.

(ITV août 2022)