
Site Internet : elnucleo.fr/
Accueilli récemment avec Marelle, dans le cadre de la fête de quartier Sud-Est de Cherbourg-en-Cotentin, Edward Aleman Neisa revient pour cette prochaine création, avec une équipe deux fois plus nombreuse ! Douze interprètes au plateau, autant de parcours acrobatiques et un but : rester en l’air, chacun·e, 10 minutes. Cap ou pas cap ?
Votre nouveau projet, SALTO, n’arrive pas par hasard. Expliquez-nous en quoi il fait écho à votre parcours.
Edward Aleman Neisa : SALTO s’inscrit dans ce que je questionne depuis des années ; c’est-à-dire une écriture autour de ce que nous sommes, hommes ou femmes, et sur tout ce qui s’y rattache : âge, taille, couleur de la peau, conviction religieuse, maladie… Cela fait longtemps que je m’intéresse à qui fait du cirque aujourd’hui, et pourquoi. Nous ne faisons pas tous du cirque pour les mêmes raisons, et nous parcourons tous des chemins différents. Dans mon cas, le cirque a été une nécessité : il a radicalement changé ma vie, et la preuve, c’est que j’habite depuis quinze ans en Europe. En dressant le bilan, j’ai réalisé que c’est en pratiquant des saltos que… je paye mes factures ! C’est avec des figures acrobatiques que je suis devenu artiste, porteur de projet, metteur en scène et metteur en piste.
Et une question a surgi, celle du temps que vous avez passé… en l’air !
EAN : Un jour je me suis demandé, en effet, combien de temps j’avais passé en l’air ces vingt dernières années. Toutes ces micro-secondes accumulées… J’ai volé, été en suspension peut-être plus de trois heures en trente-sept ans. Et j’ai pris peur en réalisant que depuis quelques années, mon temps de vol se réduisait. C’est bien sûr directement lié à mon âge, avec l’usure de mon corps de circassien. Alors je me suis dit : “Faisons le dernier spectacle de haute-voltige où je serai encore voltigeur, à pratiquer la bascule, le trampoline, etc. » Pour cela je serai entouré de dix acrobates, un musicien, et une chanteuse. Il y aura beaucoup de voltige dans SALTO, mais c’est aussi un spectacle sur cette société qui nous pousse toujours à tout réussir, et sur les discriminations.
SALTO pourrait donc parler, en filigrane, de racisme ?
EAN : Je pars de ma condition, donc oui, forcément, il y sera question de racisme, de xénophobie, de gens qui n’arrivent pas à sauter et d’autres qui les aident, ou pas. J’aime à penser que le public ressentira cette compétition entre les personnages, et ce que chacun fait de tous ses bagages. Le travail mené en amont avec Ronan Chéneau, artiste permanent du Centre Dramatique National de Normandie – Rouen et auteur, nourrira comme d’habitude le mouvement acrobatique. Des mots apparaissent : saut, cité, parkour*, espace public, bidonville… Il se trouve que j’ai appris le cirque dans la rue, en sautant d’un immeuble à l’autre. SALTO est une métaphore de la société, où il nous faut réinterpréter la ville, si mal pensée pour les Hommes. La musique, toujours en live – rap, hip-hop – servira cette histoire d’oppression, de colonisation, d’hommes pressés.
*Parkour > art du déplacement
Production
El Nucleo
Coproduction
L’Agora, PNC de Boulazac-Aquitaine ; Archaos, PNC de Marseille ; Le Carré Magique, PNC de Lannion ; Plateforme 2 Pôles cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf ; Le Prato, PNC de Lille
Résidence
L’Agora, PNC Boulazac ; Plateforme 2 Pôles cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf ; Le Collège Edouard Branly
Partenaires
CDN de Normandie-Rouen
La Cie El Nucleo est soutenue par la Région Normandie et la DRAC Normandie pour l’ensemble de ses activités