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Après La Bête noire, solo performatif dans lequel elle se mettait elle-même en scène, Raphaëlle Boitel crée ici le deuxième volet d’un triptyque consacré à des portraits de femmes de cirque. Petite reine brossera, avec beaucoup d’humour, celui d’une femme écrasée par le poids de l’injonction à la perfection. À la mise en scène, Raphaëlle Boitel et à l’interprétation, Fleuriane Cornet, spécialisée en vélo acrobatique !
En quoi La Bête noire et Double, les deux premiers volets d’un tryptique, se répondent-ils ?
Raphaëlle Boitel : La Bête noire constituait un autoportrait, une introspection jusqu’à la colonne vertébrale. Là où ce premier volet était plutôt chorégraphique, Petite Reine sera plus clownesque, même s’il y a, comme toujours, une dimension dramatique. Je souhaite dresser le portrait d’une artiste de cirque, et grâce à la belle rencontre avec Fleuriane Cornet, au Centre National des Arts du Cirque, c’est celui d’une acrobate à vélo, inspiré de sa propre vie. Je compte bien creuser sa palette, très large, et l’agrès qu’elle a choisi, peu habituel et vrai objet du quotidien : le vélo. Elle a également un profil transformiste et une vraie présence au plateau, avec une voix de théâtre que nous allons entendre, dans le registre de l’humour.
Mes créations relèvent souvent d’un registre tragi-comique, mais nous évoluons ici dans quelque chose de plus loufoque, une fiction avec un texte dynamique qui rythme le spectacle. Il sera question d’une femme forte, lumineuse, sous couvert d’une grande solitude. J’ai envie, de manière décalée, de traiter de la sénilité, de la démence et de l’isolement qui en découle, souvent. Redevenir de grands enfants, en vieillissant, permet aussi d’ouvrir vers l’imaginaire et le fantastique.
Quelle place occupe le vélo de Fleuriane Cornet dans ce spectacle ?
RB : Son vélo est son compagnon, son partenaire de jeu, qu’il soit un banc, un accessoire, la roue du temps qui passe… Il se personnifie au point qu’elle peut lui parler, se confier sur les pressions que toute femme ressent, et peut-être encore plus une femme de cirque, à la physicalité poussée à l’extrême. Cette forme courte est un défi pour moi, dans le format recherché et l’introduction du texte. Après dix ans de compagnie, je cherche toujours à me renouveler, à affiner mon écriture. Cette collaboration enrichissante avec une autrice me permettra d’aborder un processus de création de manière différente. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est l’importance de la musique dans cette pièce mêlant théâtre et cirque, et celle de la lumière pour évoquer le passé, appuyer la dramaturgie et dessiner l’espace.
PRODUCTION
Cie L’Oublié(e)