La Brèche

Le CNAC vous confie la mise en scène du spectacle de fin d’études, vous qui êtes une ancienne élève de cette école.
Sophia Perez : Ces dernières années, le CNAC a suivi mon parcours et sait comment je travaille. La directrice, Peggy Donck, m’avait fait la proposition de mettre en scène le spectacle de fin d’études d’une promotion de l’école ; mais nous ne savions pas quand cela pourrait se faire. Finalement, cela s’est avéré possible et pertinent avec la 35e promotion. Les étudiant·e·s souhaitent creuser des  sujets qui m’interpellent et ont envie, eux aussi, de s’emparer d’une œuvre collective. J’ai accepté la proposition du CNAC parce que j’aime mener ces projets de sortie d’école comme je l’ai déjà fait pour l’École Nationale des Arts du Cirque de Rosny (Seine-Saint-Denis), Shems’y au Maroc, CIRKÉOLE à Montigny-lès-Metz (Moselle), ou l’école Piste d’Azur à La Roquette-sur-Siagne (Alpes-Maritimes). Ces écoles m’ont fait confiance et je trouve cet exercice très beau. Nous arrivons, en tant qu’équipe ou metteur·e en scène, à un moment clé dans le cursus de ces élèves qui ont tous·tes une urgence à exprimer. Cela donne souvent des créations très riches.

Vous avez déjà rencontré la 35e promotion du CNAC. Quels sont les atouts de ces douze élèves ?
SP : Karine Noël, la chorégraphe avec laquelle je travaille, et moi avons passé un après-midi avec les étudiant·e·s. On leur a présenté la compagnie Cabas et notre façon de travailler. Nous avons pu constater leur belle énergie mais aussi leurs doutes, comme dans toute aventure de création. Tout cela est excitant et la rencontre était encourageante. C’est un joli cadeau d’être là pour porter leur enthousiasme. Cela procure souvent de belles expériences partagées. L’exercice consiste ici à s’épauler avec tendresse et démesure. Les univers artistiques de chacun vont se croiser de façon heureuse, avec des spécialités très variées comme l’acrobatie au sol, la roue Cyr, le mât chinois, le trapèze, le cerceau aérien, le jonglage, la plateforme, l’acrodanse ou l’équilibre.

Qu’avez-vous envie d’explorer avec eux ?
SP : Cette longue création permet de prendre le temps d’explorer les techniques, le mouvement dansé – un élément auquel je tiens, le texte, et aussi, puisque certains sont musiciens, la possibilité de la présence de la musique. Au sein de la compagnie Cabas, on aime s’emparer de tous les moyens d’expression des auteur·e·s-interprètes. Texte, cirque et mouvement dansé sont complémentaires pour exprimer les envies de chacun. Je les ferai écrire, chacun dans sa langue : leurs mots seront dits au plateau (j’affectionne le micro), ou serviront de phares à la dramaturgie. Nous questionnerons les notions d’identité et de vivre-ensemble. J’espère que le spectacle prendra la forme d’une traversée émotionnelle, de ce qui nous abîme à ce qui nous rend léger·ère·s, puissant·e·s.