La Brèche

Après nombre de créations collectives, on vous retrouve ici avec un solo. Qu’est-ce qui vous a motivé ?
Cyrille Musy : J’ai eu besoinde me retrouver artistiquement. Depuis la création de la compagnie, je me suis concentré sur des formes avec de nombreux artistes à diriger au plateau. J’ai voulu expérimenter autre chose : j’avais envie d’une équipe plus resserrée. Je ressentais aussi le besoin de me remettre en danger, de me questionner en tant qu’interprète et non en tant que chorégraphe, comme par le passé. S’est aussi posée la question de mon âge, 45 ans, et de la sensation d’évoluer dans une boucle, un schéma de répétitions sans fin. Comment en sortir ? Très vite, j’ai établi un parallèle avec le monde actuel et notamment avec l’écologie : il faut, là aussi, sortir de manières de fonctionner qui ne sont plus viables. Il faut changer de paradigme.

Ces schémas de répétitions peuvent être rassurants, mais aussi inquiétants et fragilisants. Auriez-vous eu le même sentiment il y a dix ans ?
CM : Il se trouve qu’en 2009, j’ai été mis en scène par François Berdeaux dans un solo Ma Vie, Mon Œuvre, Mon Pédalo qui questionnait déjà la fin de carrière d’un acrobate. C’est là que j’ai amorcé mon travail de recherche avec le trampoline rond et aujourd’hui je ferme cette parenthèse avec ce qui sera sans doute mon dernier solo. Ce n’est pas un hasard si on retrouve François à l’écriture du texte de LOOPS. C’est un vrai couteau suisse ici : auteur, metteur en scène et vidéaste. Le ton du spectacle est délibérément optimiste, malgré un contexte mondial pesant. Le regard de Sylvain Decure, qui accompagne depuis tant d’années toutes les créations de la compagnie, apportera ce qu’il faut de légèreté. C’est lors de la résidence à La Brèche qu’il se joindra à notre équipe pour entamer le travail de mise en scène.

Comme dans tous vos précédents spectacles, la musique aura un rôle prépondérant.
CM : Nous attachons en effet toujours beaucoup d’importance à relier musique et chorégraphie. J’ai même eu envie, ici, d’utiliser le trampoline comme instrument de musique. Là encore, il y a de nouvelles boucles à explorer : des boucles sonores produites à partir de la transformation du son sur la toile et sur le chemin de praticables, tout autour du trampoline. Je suis musicien et j’aime jouer avec ces notions. La dramaturgie sera construite autour de la notion de boucle grâce au mapping vidéo avec des projections qui surgiront notamment sur de grands panneaux verticaux. Il nous permettra de créer l’espace mental du personnage en proposant un univers graphique fort qui évoluera tout au long de la pièce. La vidéo sera pour moi un vrai partenaire de jeu.