La Brèche

Comme l’indique son titre, Face au mur, votre prochain spectacle fait référence à l’impossible. Comment aborde-t-on l’impossible ?

Damien Droin : Je me base sur notre rapport à l’impossibilité, face aux situations fermées. Et je me base aussi sur ce pourquoi je fais du cirque, à savoir rendre l’impossible possible. Je me suis demandé comment insérer cela dans le contexte actuel, et comment lui donner du sens. J’ai donc imaginé notre comportement face à un mur, et notre façon de l’explorer avec notre discipline qu’est le trampoline. Les notions d’entraide et du besoin de l’autre face à ce genre de situations sont très présentes dans ce spectacle. Actuellement nous travaillons au plateau, avec une écriture qui suscite des réactions en direct. Nous ne savons pas encore combien nous serons, six ou sept. L’idée est de questionner l’endroit où l’on est pour ensuite ouvrir les frontières et, tels des enfants, chercher nos limites.

Finalement le spectacle pourrait aussi bien s’intituler “Derrière les murs”…

DD : Face au mur parle beaucoup de l’Autre. Et d’une certaine façon, le spectacle évoque ce qu’il y a derrière les murs, en effet : des choses et des êtres que l’on ne voit pas, et de ce que l’on n’entend pas. Ne pas prendre en considération la vision globale de ce qui se passe de l’autre côté des choses renvoie à des situations actuelles assez parlantes. La question est de savoir comment l’on peut projeter un imaginaire sur ce qui se passe derrière. Or, lorsque toute la scénographie tourne, dans la pièce, le public devient alors omniscient et peut avoir une vision d’ensemble de part et d’autre du mur. C’est donc une question de point de vue, finalement ; il n’y a pas qu’une vérité. C’est intéressant pour moi, dramaturgiquement et scénographiquement, de mettre cela en lumière. Le mur qui “empêche” peut devenir un chemin, une voie possible.

Comment le traduirez-vous au plateau ?

DD : Lorsque l’on modifie notre point de vue, l’obstacle peut devenir quelque chose qui nous aide à aller ailleurs. Le risque, lié au cirque et à l’acrobatie, se mêle alors au risque de changer de vie, à la peur de la rencontre. La notion principale, ici, c’est le dépassement. Scénographiquement, les parois en plexiglas permettront tour à tour la transparence et l’effet miroir. On pourra voir un personnage face à un autre comme lui puis, selon l’éclairage, face à lui-même. La création sonore de Benjamin Vicq apportera une dimension urbaine et créera une symbiose entre le mouvement des interprètes et la scénographie. Je serai d’autant plus heureux de venir en résidence à La Brèche que je suis chargé de la direction artistique de l’arrivée de la Flamme olympique le 31 mai au Mont-Saint-Michel !