La Brèche

Speakeasy s’inspirait du cinéma, mêlant l’esthétique de Tarantino à celle des films noirs des années 30. Qu’en sera-t-il avec Play/Replay ?
Xavier Lavabre : Nous serons plutôt ici sur une esthétique à la Wes Anderson, un peu comme dans son film The Grand Budapest Hotel, donc très colorée et symétrique, mais sans temporalité précise cette fois. Play/Replay se situera dans la continuité du précédent, notamment au niveau du jeu d’acteur, mais avec un nouveau metteur en scène, Jos Houben, qui succède à Régis Truchy. Il nous a découverts dans Speakeasy à Paris en 2019 et il est tombé amoureux de notre travail. Cela tombait bien, nous avions très envie de travailler avec lui ! Nous serons huit au plateau, trois filles et cinq garçons, et nous évoluerons dans un univers plutôt burlesque et toujours narratif, dans le style anglais des Monty Python. Play/Replay sera très acrobatique avec une scénographie très épurée.

Comme dans les films d’action, vous multiplierez les acrobaties.
XL : Nous nous attaquons en effet au cinéma d’action, ses scènes cultes et ses clichés. Cela nous intéresse de voir comment le circassien peut transposer cela sur scène, sans le recours aux effets spéciaux ; et comment il peut répéter plusieurs fois une même séquence, comme sur un plateau de tournage, avec un corps qui s’épuise au fur et à mesure des prises. L’idée de montrer en direct ce processus de réalisation de film nous plaît beaucoup, quitte à dévoiler l’envers du décor et tous les gestes ratés avant de parvenir à une perfection. Car nous aimons beaucoup la virtuosité du mouvement acrobatique, très présente dans ces films. Une cascade ou une explosion s’apparentent à un geste de cirque réussi, millimétré. Actuellement, nous explorons une piste : la réalisation de cascades avec des corps mous.

La musique est très importante dans vos créations, tout comme l’humour. Parlez-nous de l’univers sonore de Play/Replay, et dites-nous ce que vous travaillerez à La Brèche.
XL : La pièce sera tragi-comique, comme Speakeasy. Jos Houben compte bien proposer « une escalade clownesque », sur fond d’humour léché et subtil. Pour la musique, très importante en effet, nous faisons une nouvelle fois appel à Chinese Man pour une création originale. Nous leur avons demandé une composition évocatrice des musiques de films d’action des années 80-90. Voilà la feuille de route qui leur a été confiée et à partir de laquelle Chinese Man a carte blanche pour laisser parler son imaginaire et nous proposer des morceaux qu’ils réécriront ensuite spécifiquement pour le plateau. Pendant notre résidence à La Brèche, nous aurons deux temps de travail : finaliser toutes nos idées, puis procéder à des filages pour être prêts à la première qui aura d’ailleurs lieu à La Brèche, les 4 et 5 mars en partenariat avec Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin.