La Brèche

Pour ce nouveau projet, votre collectif est parti d’un agrès inspiré du cirque traditionnel, la roue de la mort, ici revisité par Odilon Pindat et co-construit avec Hannu Abonce Muhonen. Parlez-nous de votre roue.
Elice Abonce Muhonen : Notre double roue est plus petite que l’agrès traditionnel, mais nous pouvons y évoluer à cinq. Au fil des résidences à Cherbourg, au Mans ou à Lorient, nous accumulons de la matière en expérimentant diverses choses. Nous sommes actuellement à la charnière entre les recherches réalisées et l’écriture du spectacle proprement dite. Nous avons déjà travaillé des figures à cinq en même temps dans la roue : c’est très technique et long à mettre en place. Il n’y a pas le droit à l’erreur, sinon l’agrès tombe. Cela fait deux ans que nous travaillons à ce numéro qui n’occupera peut-être que six à sept minutes du spectacle mais qui doit être irréprochable. Nous avons également introduit un vélo d’enfant dans la roue, un clin d’œil à la boule de la mort avec les motos, et cela fonctionne.

Pour être exact vous serez plutôt six dans la roue, avec… Oscar. Qui est-il ?
EAM : C’est un squelette et une marionnette, inspiré des lames de tarot. Dans le spectacle, il sera plus ou moins apparent, calme parfois, dansant d’autres fois. Cette métaphore de notre disparition nous permet de rire de la mort, voire même de la fêter à la façon dont les Mexicains honorent leurs défunts. La joie et l’humour seront présents dans La Roue de l’infortune. La musique aussi d’ailleurs : celle des morceaux enregistrés mais aussi celle que nous jouerons nous-mêmes à la batterie, au synthé, à la basse, au trombone ou à la beat box. Pour l’instant, nous serons toujours tous les cinq au plateau, sur la roue ou dessous. Lorsque nous serons à La Brèche, à quelques jours de la création, nous travaillerons justement cette partie musicale ainsi que les lumières et les costumes.

Vous évoquez le jeu de tarot.  Dites-nous en quoi il a été une source d’inspiration.
EAM : Notre inspiration vient en effet de La Roue de la Fortune, le fameux jeu télévisé, et du jeu de tarot divinatoire. Nous avons d’ailleurs déjà créé une figure que nous avons appelée « le tarot ». Lorsque nous avons commencé à écrire les mouvements du spectacle, nous nous sommes inspirés de l’arcane 10 avec une roue et des animaux accrochés dessus. Cela fait le lien avec le rôle de chacun de nous sur l’agrès : nous devons tous être connectés pour respecter l’équilibre. Ce travail à cinq acrobates renouvelle le répertoire des figures et des images créées sur la roue de la mort. Il en ira de même dans l’autre volet, La Roue de l’Armor, que nous jouerons cette fois sur l’eau, avec une roue un peu différente, et où nous profiterons du côté magique et hypnotique des reflets de la mer.