Site Internet : https://www.jeannemordoj.com/
La femme à barbe, la femme-poule, les siamoises ventriloques, l’acrobate à l’étrangeté animale,… toutes ses figures emblématiques du spectacle forain que Jeanne Mordoj a fait siennes révèlent un chemin de création défrichant des territoires poétiques peu explorés. En affirmant cette veine foraine, il s’agit également pour cette artiste de “renouer avec des rendez-vous avec des humains de chair et de sang, dans des espaces de grande proximité, ici et maintenant”.
Votre prochain spectacle, Foraine, s’inscrit dans une recherche au long cours. Parlez-nous de ce qui vous anime depuis 30 ans.
Jeanne Mordoj : Je travaille depuis toujours sur l’intime, la transformation, le forain, les monstres et sur la proximité avec le spectateur. Tous les spectacles de la compagnie convergent dans ce même esprit. Le forain, c’est l’ancêtre du cirque, avec les baraques où le public entrait pour voir de l’extraordinaire, un monstre ou la dernière découverte (pseudo) scientifique. C’est le monde de l’esbroufe, du caché, de l’inquiétant, des êtres hors-normes. C’est l’art de faire croire. Je m’appuie sur cette tradition pour en réinventer le sens aujourd’hui. Je souhaite aussi déplacer le spectateur, le mettre face à quelque chose, l’impliquer physiquement. Objectif : se poser la question de savoir ce que sont les monstres, de nos jours. Je cherche quelques pistes de réponse, avec mes propres outils.
Quels sont ces outils ?
JM : Le spectateur sera invité à vivre une expérience de l’ordre du sensoriel, à se déplacer dans différents espaces, à se laisser troubler par des jeux d’échelle. Pour la première fois je ne serai pas seule au plateau. Je suis entourée de deux comparses : le clown et comédien Harry Holtzman, qui pourrait être ici une sorte de Monsieur Loyal avec ce qu’il faut d’humour pour grincer, et l’acrobate Aimé Rauzier, qui sort de l’Académie Fratellini. Cela m’intéresse de mélanger les générations. Parmi les outils que j’évoquais à l’instant figurent le dessin, la ventriloquie, la manipulation d’objets que je fabriquerai en amont mais aussi, et c’est nouveau, des films. Il s’agira de courtes archives en lien avec le monde forain, et des vidéos que nous réaliserons nous-mêmes.
Et quels sont ces différents “espaces” dont vous parlez ?
JM : Nous partons sur l’idée d’une dizaine de petites baraques où pratiquer les entre-sort. Nous disposerons aussi d’une structure gonflable, La Bulle carrée. Je la considère comme un vrai objet vivant, un nouveau partenaire de jeu ; je me laisse mener par ce que je découvre au fil de mes recherches. Tous ces espaces seront installés en intérieur, mais pas forcément dans des théâtres ; l’idée est de pouvoir jouer Foraine partout. À La Brèche, je serai seule avec Harry Holtzman. Nous travaillerons la dramaturgie d’ensemble pour voir comment tout cela s’articule. Le spectacle s’adressera à tous les publics, même si je parle de monstres, de répulsion et d’étrangeté. Le monstre, c’est un grand mot, qui recouvre plein de notions mais je tiens à ce qu’il reste lumineux !
PRODUCTION Compagnie BAL
COPRODUCTION ET RÉSIDENCE Tandem, Scène nationale Arras-Douai ; Théâtre 71, Scène nationale de Malakoff ; Les 2 Scènes, Scène nationale de Besançon ; La Madeleine, Scène conventionnée d’intérêt national de Troyes ; Le Carré Magique, Pôle National Cirque en Bretagne – Lannion Trégor ; Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque Théâtre d’Elbeuf
ACCUEIL EN RÉSIDENCE Tandem, Scène nationale Arras-Douai ; Théâtre 71, Scène nationale de Malakoff