La Brèche

Depuis votre dernière résidence à La Brèche, vous poursuivez votre recherche autour du forain. Cette fois vous ne serez pas seule…
Jeanne Mordoj : Avec mes partenaires et compagnons de jeu, le clown Harry Holtzman et l’acrobate Aimé Rauzier, nous continuons d’explorer l’esprit du forain. C’est-à-dire, les yeux dans les yeux, le face à face, le face à soi, les débordements, le vertige, la cruauté mais aussi et bien sûr la fantaisie. Ensemble, nous retrouvons les principes du forain, avec de nombreux entresorts. On y rencontrera un homme-coquille, un homme chamboule-tout, une femme tronc qui dessine avec sa bouche, une extralucide, un homme-serpent, un homme-volaille, une bouffeuse d’œufs, un ventre qui chante l’amour. Bref c’est un hommage au forain, à l’étrangeté, à l’inquiétant et au merveilleux. Pour cela je m’appuie sur la tradition, tout en m’octroyant beaucoup de libertés pour en réinventer le sens.

La surprise et le jeu sont des incontournables du monde forain. Qu’en sera-t-il dans Foraine ?
JM : C’est justement une surprise pour le spectateur ! Ce que je peux dire, à ce jour, c’est que le public aura des sensations… inhabituelles. Foraine est une proposition intimiste, et chaque personne ressortira du spectacle en ayant vécu une expérience différente. Je cherche l’équilibre entre le ludique et l’inquiétant. Aujourd’hui la scénographie se dessine : au centre il y aura la bulle carrée, une immense structure gonflable et tout autour différents entresorts. Le vivant et l’inanimé se côtoient ici : créatures étranges, monstres brodés, portraits des ancêtres, films et installations foraines. Et puis il y aura Barba, poupée ventriloque, créature ni homme ni femme qui, au fil des résidences, devient de plus en plus bonimenteuse, véritable repère pour le spectateur.

Que travaillerez-vous lors de votre résidence à La Brèche ?
JM : Je travaillerai plus particulièrement avec Aimé Rauzier à sa partition sur le vertige, le risque, le vide intérieur. La résidence, qui se tiendra dans le studio de La Brèche, sera très concentrée. Je poursuivrai également ma recherche autour de la question suivante : comment créer la rencontre la plus intense possible entre le spectateur et Foraine ? La notion d’esbroufe est ici capitale et le rôle de Barba, pourtant simple bout de tissu, en est un exemple. Revêche, forte en gueule, autoritaire et émouvante, elle présentera au public les différents phénomènes. Reste pour nous à trouver les bons espaces : les zones troubles sont toujours plus intéressantes. Foraine n’est pas une exposition mais bien un spectacle forain entre réel et inventé, où la transgression est reine.