La Brèche

En mai, ce sera votre seconde résidence à La Brèche pour poursuivre la construction de Nos matins intérieurs. Le projet évolue : dites-nous ce qui reste, et ce qui change…
Julien Clément : Le spectacle est toujours écrit pour dix jongleurs, à ce jour, mais nous ne serons peut-être que neuf, selon l’agenda de chacun. Gaëlle Coppée, indisponible, est, elle, remplacée par Emmanuel Ritoux. Ce qui ne change pas, c’est bien sûr notre collaboration avec le Quatuor Debussy. Ce sont même eux qui, dès 2017, avaient manifesté leur envie de créer une forme avec nous. Le choix des musiques s’est affiné depuis notre dernière résidence, avec deux fantaisies de Purcell et des compositions originales de Marc Mellits. Le spectacle comprendra également des solos (violoncelle-alto), des duos de violons et peut-être un trio. Nous nous pencherons aussi sur le son des balles pour créer une chorale jonglée. À Cherbourg, nous travaillerons pour la première fois en présence des musiciens.

Au début du projet vous évoquiez une collecte, par un écrivain, de la parole de chacun des 14 protagonistes. Qu’espérez-vous entendre, et pourquoi ?
JC : L’écrivain en question a changé, en la personne de Jean-Charles Massera. Cet hiver, il procède à des entretiens avec chacun de nous, jongleurs et musiciens. L’idée est d’évoquer la place de la pratique dans nos vies, qu’elle soit musicale ou circassienne. Le jonglage n’est ici qu’un prétexte pour aborder ce sujet intime, qui constitue finalement… nos matins intérieurs. La parole est une création à part entière, au même titre que la musique ou la lumière. Jean-Charles Massera, qui écrira un texte issu de sa collecte, aura également un rôle de directeur d’acteurs. Il établira comment distribuer la parole, en live ou en voix off. Le dispositif des micros est encore à l’étude. Notre régisseur son sera d’ailleurs présent avec nous pour la première fois aussi à La Brèche.

Pouvez-nous décrire la scénographie qui se dessine pour Nos matins intérieurs ?
JC : Nous évoluerons sur notre propre sol, d’un noir profond et bien lourd pour pouvoir y faire glisser 28 cubes gris. Ils seront assemblés pour former des abstractions ou des escaliers, une chaise, un podium, etc. Actuellement, nous travaillons aussi aux costumes du spectacle avec Leonor Boyot. Nous serons tous habillés de vêtements du quotidien (salopette, chemises, cols Mao, bonnet, redingotes, sweats…) dans des teintes qui feront ressortir le blanc de nos balles. Les musiciens seront vêtus dans le même esprit que nous, baskets de ville aux pieds. Ils devront en effet se déplacer pendant le spectacle, et peut-être même monter eux-aussi sur les cubes tout en jouant. Autre nouveauté : nous aurons des séquences de jonglage avec des bâtons, entre danse et jeu d’équilibre.