CIE LA FRONTERA / Stefan Kinsman

RÉSIDENCE D’ÉCRITURE

RÉSIDENCE 20 > 25 JUIN 2023

Né en Suisse de famille européenne et américaine, Stefan Kinsman grandit au Costa Rica. Il collabore avec plusieurs troupes de cirque en Amérique centrale en tant que jongleur et acrobate avant de partir en Europe à la recherche d’une formation pour clarifier ses expressions artistiques. Après deux ans d´études de cirque en Italie puis trois en France au Centre National des Arts du Cirque, où il se spécialise dans la roue Cyr, Stefan Kinsman commence à travailler avec plusieurs compagnies. À sa sortie du CNAC, il a créé et interprété avec Juan Ignacio Tula Santa Madera et Somnium, deux spectacles créés sous les regards de Mathurin Bolze et Séverine Chavrier. Il a également été interprète pour le spectacle HIP 127 de la Cie Jérôme Thomas, mis en scène par Martin Palisse et Jérôme Thomas. Attiré aussi par le théâtre, Stefan Kinsman devient comédien dans Egmont en 2017, mis en scène par Séverine Chavrier et dirigé par Laurence Equilbey, et dans Hamlet Unlimited en 2018, mis en scène par Yves Noël Genod. En 2019, Stefan Kinsman crée la compagnie La Frontera avec Andrea Speranza, Kim Marro, Flavio d’Andrea et Isabelle le Morvan. Il devient artiste associé au Sirque, Pôle National Cirque Nexon Nouvelle-Aquitaine et y développe un travail commencé en 2013 avec la photographe Ximena Lemaire Castro.

Votre résidence à La Brèche s’inscrit dans une recherche au long cours. Sur quoi travaillez-vous ?

Stefan Kinsman : Je vais mener une série de résidences de recherche autour de mon agrès, la roue Cyr. Ce projet est né d’une réflexion avec Stéphane Jouan, directeur de l’Avant-Scène à Cognac, où je suis artiste associé. Au Centre National des Arts du Cirque déjà, lorsque j’étais étudiant, j’avais entamé des recherches avec cet agrès et sur la possibilité de tourner dans les deux sens, dans le sens des aiguilles d’une montre et inversement. J’ai commencé par trouver des connexions entre la droite et la gauche, pour équilibrer mon corps et ainsi créer de nouvelles figures tout en étant plus libre sur scène. Stéphane Jouan m’offre la possibilité de poursuivre cette recherche. Après quelques semaines de travail, je me suis rendu compte que le point qui relie les deux sens pour tourner avec la roue Cyr est un moment d’immobilité totale de l’agrès, avec le corps à l’intérieur ! J’ai vite compris qu’il s’agissait là d’équilibre, de maîtrise extrême du corps. Ce travail de recherche durera onze mois avec une semaine de résidence dans chaque lieu qui m’accueillera. Aujourd’hui, après cinq laboratoires, un nouveau paramètre apparaît : la lenteur absolue. En effet, une fois l’équilibre maîtrisé, tout un champ de possibilités de mouvements s’ouvre. Il me faut les maîtriser, la lenteur y compris. Il existe une raison plus symbolique à cette recherche, celle de proposer l’inverse de ce pourquoi la roue a été inventée, c’est-à-dire tourner. C’est une réaction contre nos sociétés où tout va trop vite. Plus généralement, je prône en tant qu’artiste le ralentissement des choses, la résistance contre la productivité à tout prix… et contre la pression d’être en résidence pour créer un spectacle. Des lieux comme La Brèche permettent cela.