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Magicienne, auteure, metteuse en scène et anthropologue (Doctorat d’anthropologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales), Valentine Losseau initie en 2000 le mouvement de la Magie nouvelle dont elle crée en 2006 la première formation publique et gratuite au Centre National des Arts du Cirque. Avec On m’a trouvée grandie, Valentine Losseau présente un procédé magique inédit, Zeuxis, qui permet de créer des zones d’invisibilité sur le plateau.
On m’a trouvée grandie s’inspire d’une histoire vraie : celle de Madeleine Lebouc, internée pendant vingt-trois ans à la Pitié-Salpêtrière. Parlez-nous d’elle.
Valentine Losseau : Je mène depuis 2011 des recherches sur l’approche esthétique de la lévitation, et sur son rapport avec notre travail en magie nouvelle. Je me suis beaucoup inspirée du livre De l’angoisse à l’extase, de Pierre Janet. Médecin à la Pitié, proche de Charcot, il était fasciné par les patientes que l’on disait hystériques, et notamment par Madeleine. La jeune femme a été internée en 1903 parce qu’elle se déplaçait uniquement sur la pointe des pieds et qu’elle se décrivait comme « extatique religieuse, soulevée par Dieu. » J’ai rencontré le Professeur Yves Agid dans le cadre de notre travail sur l’illusion dans le fonctionnement du cerveau. Il m’a parlé des archives de la Pitié et j’ai découvert les écrits de Madeleine – très beaux alors qu’elle était issue d’un milieu simple – et ses dessins.
Vous en faites un spectacle qui se déroule dans le huis-clos de la célèbre salle Claude Bernard. De quoi est-il le symbole ?
VL : Il symbolise la société en miniature. Si on ouvre la fenêtre, on entend les gens manifester contre la séparation entre l’Église et l’État. Croyances et savoirs se confrontent. Humaniste, Pierre Janet tente de croire Madeleine mais il navigue entre conviction et doute. Il éprouve tant d’empathie envers ses patientes qu’il vit lui-même à la Pitié. Au plateau ils seront quatre à constituer un carré d’oppositions. Madeleine est incarnée par une comédienne-circassienne et Pierre par Yvain Juillard. Acteur et scientifique, il a été formé à la magie nouvelle au Centre National des Arts du Cirque par notre compagnie. Le rôle de Charles, prix Nobel de médecine féru de poésie mais qui céda à la thèse de l’évolutionnisme racial, est confié au marionnettiste Brice Berthoud. Enfin, une seconde patiente est incarnée par la danseuse Leïla Ka.
Et dans ce microcosme, comment mêlerez-vous théâtre et magie nouvelle ?
VL : J’ai envie de réhabiliter la parole de Madeleine et les mots de Pierre Janet parce que c’est un texte émouvant, méconnu et fort. J’ai souhaité réécrire et non pas adapter leur parole. C’est donc un travail d’articulation entre présence physique et texte. Je dois écrire pour le corps au plateau et embarquer le texte comme un des éléments de la présence corporelle, et pas comme l’élément suprême. Du côté de la magie nouvelle, les personnages sont accompagnés de trois techniciennes-manipulatrices. Nous évoquons la lévitation, l’hypnose (utilisée alors comme traitement), et surtout nous expérimenterons pour la première fois un nouveau dispositif de magie nouvelle appelé Zeuxis sur lequel nous travaillons depuis quinze ans et qui permet d’opérer des changements de décor à vue et de créer des zones d’invisibilité sur scène !
PRODUCTION
Cie 14:20
COPRODUCTIONS
La Villette – Grande Halle, La Madeleine, Théâtre de Troyes– La Brèche Cherbourg, Pôle National Cirque Normandie – Festival SPRING – Points communs, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise – Théâtre de Caen – Réseau CIEL – Théâtre le Rive Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray – Célestins, Théâtre de Lyon – Théâtre de Suresnes Jean Vilar – Les Nuits de Fourvière, Festival international de la Métropole Lyon
REMERCIEMENTS
Corinne Licitra, Clément Debailleul, Antoine Meissonnier, Martín Barrientos, Nina Coulais, Inès Mota, Elie Martin, Simon Ferrari, Fanny Gelas-Mignon, Céline Diez, Jean-Luc Bertrand, Boris Pijetlovic, les élèves de la 81e promotion de l’ENSATT