En parallèle de ses collaborations avec Cyrille Musy, Mathieu Desseigne et Mathurin Bolze, Andrés Labarca co-fonde la compagnie Ni Desnudo Ni Bajando La Escalara en 2015, collectif pluridisciplinaire d’artistes franco-chiliens. Les quatre points cardinaux sont trois : le nord et le sud est leur troisième projet dont la création aura lieu dans SPRING 2023 à La Brèche en partenariat avec Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin.
C’est la première fois que votre compagnie, chilienne et portée par celle de Mathurin Bolze, mène un projet de création en France. Dites-nous en plus sur ce projet.
Andrès Labarca : Comme nos spectacles précédents, il traitera des espaces quotidiens, et plus particulièrement des maisons. Nous nous inspirons toujours d’un texte de Martin Heidegger, Bâtir, habiter, penser. Notre compagnie respecte toujours le même protocole : bâtir un espace (une scénographie), rentrer à l’intérieur pour y mener des recherches, puis écrire le spectacle. Dans notre précédent projet, nous avons travaillé sur le syndrome de Diogène*, et nous ne souhaitons pas trop nous en éloigner. Tout est parti d’une image d’une maison brûlée qui, elle aussi, a accumulé beaucoup d’objets, de matières et d’histoires familiales. Nous évoquerons l’intérieur mais aussi l’extérieur de cette maison, puisque ses murs sont détruits. Reste à écrire l’histoire des personnages…
* trouble comportemental qui associe à l’accumulation d’objets une négligence de l’hygiène corporelle et domestique, et un isolement social.
Les deux personnages sont des hommes, joués par Sylvain Decure et vous. Qui sont-ils au plateau ?
AL : Nous sommes partis au début sur une histoire de famille, en partie racontée par la maison elle-même. L’incendie laisse en effet apparaître d’anciennes tapisseries, d’anciens matériaux de construction et puis derrière le plâtre ou la brique, on voit… la mer. Une mer telle une métaphore : l’eau était là, tout près, et pourtant la maison n’a pas pu être sauvée. Mais cette histoire de famille évolue au fil des résidences. Sylvain est proche du théâtre alors que moi je suis proche de la danse. Il est plus âgé que moi alors ici, nous pourrions peut-être être deux frères et la maison celle de nos grands-parents. Elle aurait été brûlée pour construire un hôtel à la place…Mais ce pourrait être aussi tout autre chose ! À Cherbourg, nous travaillerons sur tous les scénarios possibles.
Parlez-nous de la scénographique, très importante ici.
AL : Tout l’enjeu va être de donner vie à cette maison. Le rôle de Lola Étiève, la créatrice sonore, sera capital. Elle est partie sur un travail de multidiffusion en dissimulant de nombreuses enceintes dans le décor. Elle en contrôlera chaque élément : les sons émis par le frigo, le téléphone, les planchers, les tuyaux… Nous considérons la maison comme un troisième personnage, un être qui s’effrite. Nous travaillons aussi avec Jérémie Papin, concepteur de lumières pour le théâtre, qui a une approche très réaliste de l’éclairage des espaces intérieurs. Quant à Sylvain Decure et moi, la maison sera notre agrès avec sa charpente, ses escaliers, son mobilier. Nous jouerons avec la chute, l’acceptation des choses. Tout reste à inventer dans ce désordre de pièces méconnaissables. Tout reste à bâtir, habiter et penser.
PRODUCTION
Cie mpta
COPRODUCTION
Festival utoPistes, Lyon ; La Mouche, Théâtre de Saint Genis Laval ; La brèche, PNAC en Normandie / Cherbourg-en-Cotentin ; Le Plus Petit Cirque du Monde, Bagneux ; Espace Checoeslovaquia, Santiago du Chili ; CIRCa – PNAC Gers Occitanie, Auch ; La Cascade – PNAC Ardèche Auvergne-Rhône-Alpes, Bourg Saint Andéol ; La Verrerie – PNAC Occitanie, Alès ; Théâtre Molière – Scène nationale archipel de Thau, Sète ; Théâtre Kiasma, Montpellier ; en cours.
SOUTIEN
Institut Français de Paris ; Ville de Lyon ; Métropole de Lyon ; Institut Français du Chili ; SACD Processus Cirque 2021 ; DRAC Auvergne Rhône-Alpes ; DGCA ; en cours
© Andrés Labarca