Du cirque finlandais, d’aucuns se rappellent du jonglage avec boules de fer de Jani Nuutinen, du numéro de capillotraction de Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen, des acrobaties sur des grandes balles rebondissantess de Race Horse company, du final dans une caravane-sauna du collectif MAD, de la promenade en forêt de Viivi Roiha et Henna Kaikula,… bref d’une dinguerie culturelle ! Il est fort à parier que Mika Kaski, avec son projet Au hasard dans le vacarme n’échappera pas à la règle !
Ce nouveau projet fait suite à une série de laboratoires de recherche. Quelle en était la finalité ?
Mika Kaski : Je travaillais à l’époque en duo avec un autre artiste de cirque. Notre but était simplement d’explorer des choses qui nous plaisaient dans le cirque contemporain, les arts plastique et le cinéma ; tout ça sans censure et surtout sans la pression de produire forcément un spectacle. Mais finalement nous avons eu envie de créer quelque chose, tout en conservant notre liberté de choisir les matériaux qui nous touchent. Cet artiste avec lequel j’ai mené ces recherches a dû partir pour d’autres projets. Mais j’ai gardé cette idée de ne pas me limiter aux arts du cirque et de continuer à creuser les autres matières artistiques apparues lors de ces laboratoires. Ce spectacleva questionner qui nous sommes, nous, individus, capables de produire de belles choses comme des horreurs. Au hasard, dans le vacarme posera un regard sur l’humain.
Et ce regard, cette réflexion, vous les porterez à trois au plateau. Qui sont les deux autres artistes qui vous accompagnent ?
MK : J’ai sollicité Sylvain Julien, jongleur et manipulateur d’objets ; j’aime son exigence, son ouverture à d’autres écritures et son humour. Le projet alterne en effet entre des moments durs et obscurs et d’autres plus drôles et grinçants. J’ai aussi convié le musicien Mehdi Azema, même s’il est également circassien et fakir. Il fera des apparitions au plateau mais ici, il est surtout chargé de créer l’univers sonore de la pièce. Le créateur lumière sera aussi très important dans ce projet, et ce dès l’écriture. Nous travaillerons beaucoup sur le noir, avec des choses que l’on devine dans l’obscurité et des points de lumière posés sur des détails. Le spectacle ne racontera pas une histoire. Il s’agira plutôt d’une succession de saynètes a priori sans lien, et pourtant…
Parlez-nous de votre rapport au temps, à l’espace et à l’humour.
MK : Le rythme sera très lent, à l’image des films de Tarkovsky avec, parfois, le surgissement du fantastique. Il n’y aura pas forcément de lien de causalité d’une scène à l’autre : le passé et le futur n’existent plus ; tout se passe au présent. La présence d’un mur en bois, en fond de scène, est le résultat d’une recherche menée lors de laboratoires dans des hangars, des chapelles, des vieilles bâtisses. Quant à l’humour, tous mes projets se construisent autour. Je m’inspire ici de Daniil Harms pour traiter de l’absurdité de ce que nous sommes. Sans doute est-ce lié à la mélancolie finlandaise que je porte profondément en moi. Ce qui m’intéresse, c’est la cosmogonie du genre humain : comment se fait-il que des peuples très éloignés partagent la même façon de regarder le monde ?
COPRODUCTION
Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf, Les SUBS – lieu vivant d’expériences artistiques, Lyon, Festival les 7 Collines à Saint Etienne
SOUTIEN
Jenny and Antti Wihuri Foundation – Finlande, Saaren Kartano – Kone Foundation – Finlande, Le Château de Monthelon – Lieu pluridisciplinaire dédié à la recherche et à la création artistique – Montréal, Bleu Pluriel, Centre Culturel – Trégueux, Le Jardin de Verre – Cholet, La Martofacture – Sixt-sur-Aff