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Fidèle à son amour pour le circulaire et passionné de scénographies atypiques, Boris Gibé n’hésite pas à concevoir et construire les espaces architecturaux nécessaires à la création de ses spectacles. Ainsi ont vu le jour le chapiteau-phare, chapiteau réhaussé d’une salle de veille et d’une lanterne, en lien avec le spectacle Le Phare ; le Silo, chapiteau de tôle à quatre étages, en lien avec L’Absolu, et dernièrement le Panopticum anatomique pour sa prochaine création Anatomie du désir.
Dans Anatomie du désir, le spectateur retrouve un de vos principes de base, le circulaire.
Boris Gibé : J’ai en effet une obsession pour le circulaire et l’expérience immersive proposée au spectateur. J’aime la membrane perméable du chapiteau, loin de la tour d’ivoire des théâtres. Les spectateurs se retrouvent dans le décor et les artistes au milieu d’eux, dans une expérience commune et partagée. En revanche, cela implique que tout soit à vue, et que l’on perde un peu de mystère. C’est pour cela que dans L’Absolu, l’une de mes précédentes créations, le public regardait le spectacle en plongée, du haut d’un puits sans fond ; et que j’ai par la suite utilisé la scénographie en circulaire d’un silo ou d’un phare. Avec ce projet, je reviens encore au cercle. Je me suis penché sur les théâtres anatomiques, sortes d’amphithéâtres conçus pour que les apprentis chirurgiens, assis dans des gradins à 45 degrés d’inclinaison, puissent scruter les corps étudiés.
Et lors de cette recherche vous avez redécouvert les panoptiques anatomiques d’antan.
BG : J’ai retrouvé des illustrations de ces entre-sort démontables, gérés par des forains déguisés en médecin. Ici, pour proposer une expérience immersive aux spectateurs, nous les ferons entrer à l’aveugle, dans le noir. Puis nous leur servirons à manger pendant quinze minutes, ce qui amplifiera leur goût, leur odorat et leur audition. Je travaillerai alors avec des intensités de lumière très faibles et un jeu s’instaurera entre microcosme et macrocosme. À un moment apparaîtra un corps de cire anatomique, comme ceux utilisés en médecine autrefois. Ces Vénus anatomiques représentaient des femmes, belles mais pas trop sexuées, du moins juste assez pour susciter le désir … d’apprendre. D’où l’ambiguïté entre désir de savoir et celui de pulsion, thème épineux aujourd’hui.
Vous avez justement jugé pertinent de questionner ces clichés-là.
BG : Est-on en effet prêt à accepter ces images, à les faire parler ? Ici la Vénus anatomique, figure stigmatisée, parle et prend vie ! Je travaille avec des électro-stimulateurs qui envoient des électro-chocs et font danser le visage. Les organes prennent vie eux aussi. Le corps de la Vénus reste immobile mais l’on sent bien ses tentatives d’émancipation, tel un éco-féminisme avant l’heure : la femme serait associée à la nature, et l’homme, à tout ce qui relève de la manipulation, de l’intervention. Tout cela s’opère sur l’air déstructuré de Tristan et Isolde deRichard Wagner. Alors bien sûr la question de l’âge minimum des spectateurs se pose : 16 ans ? 18 ans ? Nous arriverons à La Brèche, juste après l’avant-première, qui aura eu lieu en août 2022, pour déterminer cette limite et peaufiner le spectacle.
PRODUCTION
Les Choses de Rien
SOUTIEN
Ministère de la Culture – conventionnement DRAC Hauts-de-France ; Aide au développement – DICREAM ; Aide à la création cirque – DGCA ; Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings
COPRODUCTION
Tandem, scène nationale – Arras/Douai ; Les Deux scènes, scène nationale – Besançon ; Le Quartz, scène nationale – Brest ; Le Volcan, scène nationale – Le Havre ; Les Halles de Schaerbeek – Bruxelles ; Les Théâtres de Compiègne ; La Brèche et Le Cirque Théâtre d’Elbeuf : Plateforme des pôles cirque de Normandie ; La Batoude – centre des arts du cirque de Beauvais ; Le Printemps des Comédiens – Montpellier
ACCUEIL EN RÉSIDENCE
La Fabrique des possibles – Noailles (60) ; L’académie Fratellini – Saint Denis (93) ; Le Château de Monthelon – atelier international de création – Montréal (89) ; Festival Tempo – Kaunas (Lituanie) dans le cadre de Kaunas 2022 capitale européenne de la culture” ; La Brèche, Pôle national Cirque de Cherbourg-en-Cotentin ; Nebia – Bienne (Suisse), Théâtre de la Cité Internationale – Paris, Cirque Jules Verne Pôle national cirque et art de la rue – Amiens
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