La Brèche

La compagnie Marcel et ses Drôles de Femmes revient à La Brèche pour travailler à son futur spectacle. Pour commencer, d’où vient son drôle de titre ?
Marcel Vidal Castells : Au début, ce projet s’appelait Mascarade. Une faute de frappe s’est invitée dans un dossier, un jour, et l’ordinateur nous a proposé “masacrade”. Nous avons trouvé cela beaucoup plus juste puisque notre idée première était de parler de la mort. Nos recherches nous ont menés vers Shakespeare et vers Le Siège de Numance, de Cervantès. Nous avons ensuite ajouté nos propres scènes, inspirées de l’absurde et du burlesque. Nos personnages incarnent soit des organes, soit des allégories : le Sens, la Logique, le Temps… Et puisque nous pratiquons le trapèze, nous réfléchissons à comment traiter la notion de risque et la relation à la mort ou à l’accident. Bien sûr il y aura comme à chaque fois de l’humour ; Masacrade prendra donc la forme d’une tragi-comédie tout public, à jouer dans la rue.

Et ce nouveau spectacle sur la complexité humaine proposera, comme d’habitude, différents degrés de lecture.
MVC : Vouloir parler de la mort n’est pas un hasard, après la pandémie que nous avons traversée. Dans nos sociétés, la mort est taboue et il semblerait que beaucoup s’acharnent à vivre très longtemps. Or dans d’autres cultures, la mort est appréhendée de façon plus naturelle. Notre propos est d’aborder ce thème en lui donnant de la légèreté. Nous serons trois au plateau, Marine Fourteau, Angèle Guilbaud et moi ; et nous serons accompagnés d’une voix off, celle de Théo, notre créateur son. Il sera le narrateur, le fil rouge qui nous fait naviguer entre les différents univers, à ce jour au nombre de cinq. Nous mêlerons le français et l’anglais, en clin d’œil à notre toute première création, Miss Dolly. Nous traitons la langue comme une vraie matière, non pas pour les mots mais plutôt pour les sons qu’elle engendre.

Dites-nous quelques mots sur la scénographie et comment vous avez procédé pour l’écriture ?
MVC : En plus du trapèze il y aura du cadre aérien, du hula-hoop et peut-être de la fausse capillotraction. Les costumes changeront à chaque univers, avec, au début, des silhouettes évoquant le trapéziste traditionnel. Dans une des scènes, ensuite, nous serons déguisés en organes qui cessent de fonctionner ; nous affinerons tout cela à La Brèche… Quant à l’écriture, nous partons d’habitude de concepts, avant de procéder à des laboratoires et des recherches au plateau. Pour ce spectacle-ci, nous avons commencé par une résidence d’écriture, laquelle nous a permis d’écrire presque tout le spectacle. Le passage au plateau impliquait ensuite de constater si ce que l’on avait imaginé était faisable. Ce fonctionnement était nouveau pour nous ; il offrira peut-être des choses plus spontanées.