La Brèche

Révolte est le troisième volet d’un triptyque autour du funambulisme, après Résiste et Respire. Quel en est le fil rouge ?
Johanne Humblet : L’idée de ce triptyque a germé il y a six ans. Je ne nomme jamais le pourquoi de la résistance, de la respiration ou de la révolte : j’ai juste envie d’insuffler un sentiment, une émotion. Dans Résiste, le principe était de tenir coûte que coûte, même quand le fil tombe ou s’incline. Respire consistait en une grande traversée de funambule. Comme dans chacun de mes projets, j’y ai intégré des innovations (le fil qui bouge, utilisation d’un balancier à grande hauteur…) Je tente toujours de casser le côté « magnificence » du funambule, de le rendre plus humain pour que chaque spectateur puisse se projeter. Au point que dans Respire, je n’achève jamais la traversée. Après ces deux premiers volets, assez individuels, j’ai eu envie, dans Révolte, que nous soyons plus nombreux au plateau.

Cette fois vous serez en effet cinq au plateau. Quelle dramaturgie se dessine autour du fil ?
JH : Je souhaite partir de l’individu pour arriver au collectif. C’est ce cheminement vers une révolte collective qui m’importe, et non la révolte en soi. Nous serons trois circassiennes et deux musiciennes au plateau. L’écriture a connu beaucoup d’évolutions, toujours autour d’une même image : la confrontation à un mur. Le sous-titre du spectacle évoque les essais successifs qu’il faut opérer, sur un fil, malgré un échec parfois inévitable : on a toujours l’espoir que le mur tombe ! Ici encore, j’intègre des nouveautés (un fil précipice, des élastiques pour évoquer la femme canon…), des contraintes, de la pluie et même un chant révolutionnaire composé pour l’occasion. D’ailleurs à La Brèche, nous travaillerons particulièrement le son, circulaire, et la sonorisation des agrès.

Révolte, c’est à la fois un spectacle et… une bande dessinée. Pourquoi ?
JH : Je fonctionne beaucoup par images. Pour Résiste, j’avais déjà réalisé un story-board avec Virginie Frémaux : il constituera le premier volet de la BD. La création d’un spectacle est magique, avec tous les corps de métiers impliqués (ingénieurs, constructeurs, etc.) et toutes les innovations développées pour l’occasion : autant d’éléments insoupçonnés quand on ne voit que le spectacle fini. D’où l’idée d’avoir un objet-témoin, sous forme de BD graphique. Dans le deuxième volet, Maya Racca, qui sera là à La Brèche, réalisera des croquis en direct pour témoigner de la création. Le troisième volet sera confié à quatre illustrateurs. Ils devront réaliser chacun trois planches, juste avant la création de Révolte, et chaque représentation du spectacle s’accompagnera d’une exposition.