La Brèche

En rejoignant la copmpagnie Carré Curieux, Cirque Vivant ! – aujourd’hui renommée Collectif Curieux, vous apportez avec vous votre univers de prédilection, la magie nouvelle. Qu’en est-il dans What if…  ?
Pedro Miguel Silva : Ce projet mêlera magie nouvelle et esthétique cinématographique. Je suis quelqu’un d’indécis, dans la vie, et j’avais envie de parler du choix en général, et du poids que cela implique de devoir renoncer. Cela fait de chacun de nous ce qu’il est aujourd’hui. Mais comment évoquer cela sur scène ? Peut-être en racontant une histoire, celle d’un personnage, Monsieur A, qui aurait la possibilité d’opérer des retours en arrière pour agir différemment. Il se trouve que j’aime beaucoup l’écriture cinématographique. Je vais donc essayer de tendre le plus souvent possible vers une esthétique filmique, familière au spectateur. J’emprunte au cinéma l’intimité, la profondeur, le cadrage…La magie nouvelle, elle, vient aider à la narration.

Même si What if… est un solo, vous ne serez pas vraiment seul en scène.
PMS : Je serai accompagné au plateau de Gert de Cooman, le cofondateur du Carré curieux ; son rôle reste encore à préciser. La partition sera lourde pour tous les techniciens. En magie nouvelle, le son et la lumière sont très importants. Je me lance un autre défi, celui de rendre magique la voix off – autre clin d’œil au 7e art – souvent ringarde. Cela me rassure presque d’avoir un compagnon de jeu auquel je confie la partie parlée. Cette voix apportera au public des informations dont même Monsieur A ne dispose pas. Elle offrira aussi d’autres points de vue : Monsieur A enfant, ou devenu vieux, ou celui d’un voisin qui l’observe par la fenêtre,… En venant au spectacle, le public jouera le jeu de croire à ce qu’il voit, acceptera de mettre son scepticisme de côté ; ce que l’on nomme “la suspension consentie d’incrédulité”.

Le questionnement et les regrets de Monsieur A pourraient faire de What if… un spectacle très sérieux. Ce sera le cas ?
PMS : What if… sera un peu sérieux et poétique, mais pas seulement. C’est vrai que le spectacle parle d’un personnage qui meurt, mais je suis quelqu’un qui aime rire. J’aimerais donc beaucoup qu’il soit aussi drôle et ironique, avec des touches humoristiques ici ou là, mais sans jamais aller jusqu’au burlesque. Je teste actuellement des choses sur scène avec Gert et le metteur en scène, lors des résidences. Ça fuse ! Lorsque nous serons à l’Espace culturel des Pieux, que je connais déjà pour y avoir présenté d’autres projets, nous travaillerons bien sûr la globalité de What if… Mais nous nous attarderons plus particulièrement sur les premières vingt minutes. Nous reviendrons ensuite en mars 2023 aux Pieux pour la création du spectacle dans le cadre du festival SPRING.